Paroles de chansons de Georges Brassens
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Paroles de chansons de Georges Brassens
(Poõme de Antoine Pol)
Je veux dèdier ce poõme
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait þ peine
Qu'un destin diffèrent entraíne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaítre
Une seconde þ sa fenétre
Et qui, preste, s'èvanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure èpanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraítre court le chemin
Qu'on est seul, peut-étre, þ comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleurè sa main
A celles qui sont dèjþ prises
Et qui, vivant des heures grises
Prõs d'un étre trop diffèrent
Vous ont, inutile folie,
Laissè voir la mèlancolie
D'un avenir dèsespèrant
Chõres /~mbensaie/images aperãues
Espèrances d'un jour dèãues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des èpisodes du chemin
Mais si l'on a manquè sa vie
on songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantòmes du souvenir
On pleure les lévres absentes
De toutes ces belles passantes
Am G F G A
Que l'on n'a pas su retenir
Elle est aù toi cette chanson
Toi l'auvergnat qui sans facons
M'as donne quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donne du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnes
M'avaient ferme la porte au nez
Ce n'etait rien qu'un peu de bois
Mais il m'avait chauffe le corps
Et dans mon ame il brule encore
A la maniere d'un feu de joie
Toi l'auvergnat quand tu mourras
Quand le croquemort t'emporteras
Qu'il te conduise aù travers ciel
Au pere eternel
Elle est aù toi cette chanson
Toi l'hotesse qui sans facons
M'as donne quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous ces gens bien intentionnes
S'amusaient aù me voir jeuner
Ce n'etait rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffe le corps
Et dans mon ame il brule encore
A la maniere d'un grand festin
Toi l'hotesse quand tu mourras
Quand le croquemort t'emporteras
Qu'il te conduise aù travers ciel
Au pere eternel
Elle est aù toi cette chanson
Toi l'etranger qui sans facons
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous ces gens bien intentionnes
Riaient de me voir emmener
Ce n'etait rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffe le coeur
Et dans mon ame il brule encore
A la maniere d'un grand soleil
Toi l'etranger quand tu mourras
Quand le croquemort t'emporteras
Qu'il te conduise aù travers ciel
Au père éternel
Stances aù un cambrioleur
Prince des monte-en-l'air et de la cambriole,
Toi qui eus le bon gout de choisir ma maison
Cependant que je colportais mes godrioles
En ton honneur j'ai compose cette chanson
Sache que j'apprecie aù sa valeur le geste
Qui te fit bien fermer la porte en repartant
De peur que des rodeurs n'emportassent le reste
Des voleurs comme il faut c'est rare de ce temps,
Tu ne m'as derobe que le stricte necessaire,
Delaissant dedaigneux l'execrable portrait
Que l'on m'avait offert aù mon anniversaire
Quel bon critique d'art mon salaud tu ferais!
Autre signe indiquant toute absence de tare,
Respectueux du brave travailleur tu n'as
Pas cru decent de me priver de ma guitare,
Solidarite sainte de l'artisanat.
Pour toutes ces raisons vois-tu, je te pardonne
Sans arriere pensee apres mur examen
Ce que tu m'as vole, mon vieux, je te le donne,
Ca pouvait pas tomber en de meilleures mains.
D'ailleurs mi qui te parle, avec mes chansonnettes,
Si je n'avais pas du rencontrer le succes,
J'aurais tout comme toi, pu virer malhonete,
Je serais devenu ton complice, qui sait?
En vendant ton butin, prends garde au marchandage,
Ne vas pas tout lacher en solde au receleurs,
Tiens leur la dragee haute en evoquant l'adage
Qui dit que ces gens-laù sont pis que les voleurs.
Fort de ce que je n'ai pas sonne les gendarmes,
Ne te crois pas du tout tenu de revenir,
Ta moindre recidive abolirait le charme,
Laisse moi je t'en pri', sur un bon souvenir.
Monte-en-l'ai mon ami,que mon bien te profite,
Que Mercure te preserve de la prison,
Et pas trop de remors, d'ailleurs nous sommes quittes,
Apres tout ne te dois-je pas une chanson?
Post-Scriptum,Si le vol est l'art que tu preferes,
Ta seule vocation,ton unique talent,
Prends donc pigon sur ru',mets-toi dans les affaires,
Et tu auras les flics meme comme chalands.
Mourir pour des idées, l'idée est excellente .
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu .
car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante,
En hurlant à la mort me sont tombés dessus .
Ils ont su me convaicre et ma muse insolente,
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois :
Mourrons pour des idées d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente .
Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure,
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain .
Or, s'il est une chose amère, désolante,
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse rout', qu'on s'est trompé d'idée,
Mourrons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente .
Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre,
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas .
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire,
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas .
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité .
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté :
"Mourrons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente ."
Des idé's réclamant le fameux sacrifice,
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles,
Et la question se pose aux victimes novices :
Mourir pour des idé's, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes,
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau,
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau .
Mourrons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente .
Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât !
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent,
Au paradis sur terre on y serait déjà .
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes,
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez,
Et c'est la mort, la mort toujours recommencé' ...
Mourrons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente .
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres,
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas .
Mais de grâce, morbleu ! laissez vivre les autres !
La vie est &agrace; peu près leur seul luxe ici bas ;
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante,
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux .
Plus de danse macabre autour des échafeauds !
Mourrons pour des idé's d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente .
La Princesse et le Croque-notes
Jadis, au lieu du jardin que voici,
C'etait la zone et tout ce qui s'ensuit,
Des masures des taudis insolites,
Des ruines pas romaines pour un sou.
Quant aù la faune habitant la dessous
C'etait la fine fleur c'etait l'élite.
La fine fleur, l'élite du pavé.
Des besogneux des gueux des réprouvés,
Des mendiants rivalisant de tares,
Des chevaux de retour des propres aù rien,
Ainsi qu'un croque-note, un musicien,
Une épave accrochée aù sa guitare.
Adoptée par ce beau monde attendri,
Une petite fée avait fleuri
Au milieu de toute cette bassesse.
Comme on l'avait trouvée pres du ruisseau,
Abandonnée en un somptueux berceau,
A tout hasard on l'appelait "princesse".
Or, un soir, Dieu du ciel, protégez nous!
La voila qui monte sur les genoux
Du croque-note et doucement soupire,
En rougissant quand meme un petit peu:
"C'est toi que j'aime et si tu veux tu peux
M'embrasser sur la bouche et meme pire ..."
"-Tout beau, princesse arrete un peu ton tir,
J'ai pas tellement l'étoffe du sayr',
Tu a treize ans,j'en ai trente qui sonnent,
Gross différence et je ne suis pas chaud
Pour tater d'la paille humide du cachot ...
-Mais croque-not',j'dirais rien aù personne ..."
-N'insiste pas fit-il d'un ton railleur,
D'abord tu n'es pas mon genre et d'ailleurs
Mon coeur est dejaù pris par une grande ..."
Alors princesse est partie en courant,
Alors princesse est partie en pleurant,
Chagrine qu'on ait boudé son offrande.
Y a pas eu détournement de mineure,
Le croque-note au matin, de bonne heure,
A l'anglaise a filé dans la charette
Des chiffonniers en grattant sa guitare.
Passant par laù quelques vingt ans plus tard,
Il a le sentiment qu'il le regrette.
Non certe',elle n'est pas bâtie,
Non certe',elle n'est pas bâtie
Sur du sable,sa dynastie,
Sur du sable,sa dynastie.
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Il peut dormir,ce souverain,
Il peut dormir,ce souverain,
Sur ses deux oreilles,serein,
Sur ses deux oreilles,serein.
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Je,tu,il,elle,nous,vous,ils,
Je,tu,il,elle,nous,vous,ils,
Tout le monde le suit,docil',
Tout le monde le suit,docil'.
Il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Il est possible,au demeurant,
Il est possible,au demeurant,
Qu'on déloge le shah d'Iran,
Qu'on déloge le shah d'Iran,
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Qu'un jour on dise:"C'est fini",
Qu'un jour on dise:"C'est fini"
Au petit roi de Jordani',
Au petit roi de Jordani',
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Qu'en Abyssinie on récus',
Qu'en Abyssinie on récus',
Le roi des rois,le bon Négus,
Le roi des rois,le bon Négus,
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Que,sur un air de fandango,
Que,sur un air de fandango,
On congédi' le vieux Franco,
On congédi' le vieux Franco,
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Que la couronne d'Angleterre,
Que la couronne d'Angleterre,
Ce soir,demain,roule par terre,
Ce soir,demain,roule par terre,
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Que, ça c'est vu dans le passé,
Que,ça c'est vu dans le passé,
Marianne soit renversé'
Marianne soit renversé'
Mais il y a peu de chances qu'on
Détrône le roi des cons.
Poeme de Gustave Nadaud
Un roi d'Espagne, ou bien de France,
Avait un cor, un cor au pied;
C'etait au pied gauche, je pense;
Il boitait aù faire pitie.
Les courtisans, espace adroite,
S'appliquerent aù limiter,
Et qui de gauche, qui de droite,
Il apprirent tous aù boiter.
On vit bientot le bénéfice
Que cette mode rapportait;
Et de l'antichambre aù l'office,
Tout le monde boitait,boitait.
Un jour, un seigneur de province,
Oubliant son nouveau métier,
Vint aù passer devant le prince,
Ferme et droit comme un peuplier.
Tout le monde se mit aù rire,
Excepté le roi qui, tout bas,
Murmura:"Monsieur,qu'est-ce aù dire ?
Je crois que vous ne boitez pas."
"Sire, quelle erreur est la votre!
Je suis crible de cors; voyez:
Si je marche plus droit qu'un autre,
C'est que je boite des deux pieds."
Quatre-vingt-quinze pour cent
La femme qui possède tout en elle
Pour donner le goût des fêtes charnelles,
La femme qui suscite en nous tant de passion brutale,
La femme est avant tout sentimentale .
Mais dans la main les longues promenades,
Les fleurs, les billets doux, les sèrènades,
Les crimes, les foli's que pour ses beaux yeux l'on commet,
La transporte, mais...
Refrain
Quatre-vingt-quinze fois sur cent,
La femme s'emmerde en baisant .
Qu'elle le taise ou le confesse
C'est pas tous les jours qu'on lui déride les fesses .
Les pauvres bougres convaincus
Du contraire sont des cocus .
A l'heure de l'oeuvre de chair
Elle est souvent triste, peuchèr !
S'il n'entend le coeur qui bat,
Le corps non plus ne bronche pas .
Sauf quand elle aime un homme avec tendresse,
Toujours sensible alors à ses caresses,
Toujour bien disposé', toujours encline à s'émouvoir,
Ell' s'emmerd' sans s'en apercevoir .
Ou quand elle a des besoins tyranniques,
Qu'elle souffre de nymphmani' chronique,
C'est ell' qui fait alors passer à ses adorateurs
De fichus quart d'heure .
Les "encore", les "c'est bon", les "continue"
Qu'ell' cri' pour simuler qu'ell' monte aux nues,
C'est pure charité, les soupir des anges ne sont
En général que de pieux menson(ges) .
C'est à seule fin que sont partenaire
Se croie un amant extraordinaire,
Que le coq imbécile et prétentieux perché dessus
Ne soit pas déçu .
J'entends aller de bon train les commentaires
De ceux qui font des châteaux à Cyth&egrace;re :
"C'est parce que tu n'es qu'un malhabile, un maladroit,
Qu'elle conserve toujours son sang-froid ."
Peut-être, mais les assauts vous pèsent
De ces petits m'as-tu-vu-quand-je-baise,
Mesdam's, en vous laissant manger le plaisir sur le dos,
Chantez in petto...
Les dragons de vertu n'en prennent pas ombrage,
Si j'avais eu l'honneur de commander aù bord,
A bord du Titanic quand il a fait naufrage,
J'aurais crié:"Les femm's adultères d'abord!"
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière ...
Car, pour combler les voeux, calmer la fievre ardente
Du pauvre solitaire et qui n'est pas de bois,
Nulle n'est comparable à l'epouse inconstante.
Femmes de chefs de gar', c'est vous la fleur des bois.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Quant à vous, messeigneurs, aimez à votre guise,
En ce qui me concerne, ayant un jour compris
Qu'une femme adultère est plus qu'une autre exquise,
Je cherche mon bonheur à l'ombre des maris.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
A l'ombre des maris mais, cela va sans dire,
Pas n'importe lesquels, je les tri', les choisis.
Si madame Dupont, d'aventure, m'attire,
Il faut que, par surcroit, Dupont me plaise aussi!
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Il convient que le bougre ait une bonne poire
Sinon, me ravisant, je détale à grands pas,
Car je suis difficile et me refuse à boire
Dans le verr; d'un monsieur qui ne me revient pas.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Ils sont loins mes débuts ou, manquant de pratique,
Sur des femmes de flics je mis mon dévolu.
Je n'étais pas encore ouvert à l'esthétique.
Cette faute de gout je ne la commets plus.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Oui, je suis tatillon, pointilleux, mais j'estime
Que le mari doit être un gentleman complet,
Car on finit tous deux par devenir intimes
A force, à force de se passer le relais
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Mais si l'on tombe, hélas! sur des maris infames,
Certains sont si courtois, si bons si chaleureux,
Que, meme apres avoir cessé d'aimer leur femme,
On fait encore semblant uniquement pour eux.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
C'est mon cas ces temps-ci, je suis triste, malade,
Quand je dois faire honneur à certaine pecore.
Mais, son mari et moi, c'est Oreste et Pylade,
Et, pour garder l'ami, je la cajole encore.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Non contente de me dé plaire, elle me trompe,
Et les jours ou, furieux, voulant tout mettre à bas
Je cri:"La coupe est pleine, il est temps que je rompe!"
Le mari me suppli':"Non ne me quittez pas!"
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Et je reste, et, tous deux, ensemble on se flagorne.
Moi, je lui dis:"C'est vous mon cocu préféré."
Il me réplique alors:"Entre toutes mes cornes,
Celles que je vous dois, mon cher, me sont sacrées."
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère,
Je suis derrière...
Et je reste et, parfois, lorsque cette pimbeche
S'attarde en compagni' de son nouvel amant,
Que la nurse est sorti', le mari à la peche,
C'est moi, pauvre de moi! qui garde les enfants.
Ne jetez pas la pierre à la femme adultère.
La cane
De Jeanne
Est morte au gui l'an neuf,
Elle avait fait, la veille,
Merveille !
Un oeuf !
La cane
De Jeanne
Est morte d'avoir fait,
Du moins on le prèsume,
Un rhume,
Mauvais !
La cane
De Jeanne
Est morte sur son oeuf
Et dans son beau costume
De plumes,
Tout neuf !
La cane
De Jeanne,
Ne laissant pas de veuf,
C'est nous autres qui eumes
Les plumes,
Et l'oeuf !
Tous, toutes,
Sans doute,
Garderons longtemps le
Souvenir de la cane
de Jeanne
Morbleu !
Est-il en notre temps rien de plus odieux,
De plus dèsespèrant, que de n pas croire en Dieu ?
J voudrais avoir la foi, la foi d mon charbonnier,
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier.
Mon voisin du dessus, un certain Blais Pascal,
Ma gentiment donnè ce conseil amical :
Mettez-vous þ genoux, priez et implorez,
Faites semblant de croire, et bientòt vous croirez.
J me mis þ dèbiter, les rotules þ terr,
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster,
Dans les rus, les cafès, les trains, les autobus,
Tous les de profindis, tous les morpionibus...
Sur ces entrefaits lþ, trouvant dans les ortis
Un soutane þ ma taill, je men suis travesti
Et, tonsurè de frais, ma guitarre þ la main,
Vers la foi salvatric je me mis en chemin.
J tombai sur un boisseau d punaiss de sacristi,
Me prenant pour un autre, en choeur, elles mont dit :
Mon põr, chantez-nous donc quelque refrain sacrè,
Quelque sainte chanson dont vous avez l secret !
Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts,
Jentonnai le Gorille avec Putain de toi.
Criant þ limposteur, au traítre, au papelard,
Ells veulnt me fair subir le supplic dAbèlard,
Je vais grossir les rangs des muets du sèrail,
Les bells ne viendront plus se pendre þ mon poitrail,
Gráce þ ma voix coupè jaurai la plac de choix
Au milieu des Petits chanteurs þ la croix dbois.
Attirè par le bruit, un dam de Charitè,
Leur dit : Que faites-vous ? Malheureuss arrétez !
Ya tant dhommes aujourdhui qui ont un penchant pervers
A prendre obstinèment Cupidon þ lenvers,
Tant dhommes dèpourvus de leurs virils appas,
A ceux qui en ont encor ne les enlevons pas !
Ces arguments massu firent un grosse impression,
On me laissa partir avec des ovations.
Mais, su l chemin du ciel, je n ferai plus un pas,
La foi viendra dellméme ou ell ne viendra pas.
Je nai jamais tuè, jamais violè non plus,
Ya dèjþ quelque temps que je vole plus,
Si lÈternel existe, en fin de compte, il voit
Qu je m conduis guõr plus mal que si javais la foi.
Non ce n'ètait pas le radeau
De la mèduse ce bateau
Qu'on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il navigait en põre peinard
Sur la grand'mare des canards
Et s'app'lait "Les copains d'abord"
Les copains d'abord
Non, ce n'ètait pas le radeau
De la Mèduse, ce bateau,
Qu'on se le dis' au fond des ports,
Dis' au fond des ports,
Il naviguait en põr' peinard
Sur la grand-mare des canards,
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord.
Ses fluctuat nec mergitur
C'ètait pas d'la litteratur',
N'en dèplaise aux jeteurs de sort,
Aux jeteurs de sort,
Son capitaine et ses mat'lots
N'ètaient pas des enfants d'salauds,
Mais des amis franco de port,
Des copains d'abord.
C'ètaient pas des amis de lux',
Des petits Castor et Pollux,
Des gens de Sodome et Gomorrh',
Sodome et Gomorrh',
C'ètaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boeti',
Sur le ventre ils se tapaient fort,
Les copains d'abord.
C'ètaient pas des anges non plus,
L'Evangile, ils l'avaient pas lu,
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors,
Tout's voil's dehors,
Jean, Pierre, Paul et compagnie,
C'ètait leur seule litanie
Leur Credo, leur Confitéor,
Aux copains d'abord.
Au moindre coup de Trafalgar,
C'est l'amitiè qui prenait l'quart,
C'est elle qui leur montrait le nord,
Leur montrait le nord.
Et quand ils ètaient en dètresse,
Qu'leur bras lancaient des S.O.S.,
On aurait dit les sèmaphores,
Les copains d'abord.
Au rendez-vous des bons copains,
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il ètait mort.
Oui, mais jamais, au grand jamais,
Son trou dans l'eau n'se refermait,
Cent ans aprõs, coquin de sort !
Il manquait encor.
Des bateaux j'en ai pris beaucoup,
Mais le seul qui'ait tenu le coup,
Qui n'ai jamais virè de bord,
Mais virè de bord,
Naviguait en põre peinard
Sur la grand-mare des canards,
Et s'app'lait les Copains d'abord
Les Copains d'abord.
C'est þ travers de larges grilles,
Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu'en-dira-t-on;
Avec impudeur, ces commõres
Lorgnaient méme un endroit prècis
Que, rigoureusement ma mõre
M'a dèfendu d'nommer ici...
Gare au gorille !...
Tout þ coup, la prise bien close,
Oû vivait le bel animal,
S'ouvre on n'sait pourquoi (je suppose
Qu'on avait du la fermer mal);
Le singe, en sortant de sa cage
Dit "c'est aujourd'hui que j'le perds !"
Il parlait de son pucelage,
Vous avez devinè, j'espõre !
Gare au gorille !...
L'patron de la mènagerie
Criait, èperdu : "Nom de nom !
C'est assomant car le gorille
N'a jamais connu de guenon !"
Dõs que la fèminine engeance
Sut que le singe ètait puceau,
Au lieu de profiter de la chance
Elle fit feu des deux fuseaux !
Gare au gorille !...
Celles lþ méme qui, naguõre,
Le couvaient d'un oeil dècidè,
Fuirent, prouvant qu'ell's n'avaient guõre
De la suite dans les idèes;
D'autant plus vaine ètait leur crainte,
Que le gorille est un luron
Supèrieur þ l'homme dans l'ètreinte,
Bien des femmes vous le diront !
Gare au gorille !...
Tout le monde se prècipite
Hors d'atteinte du singe en rut,
Sauf une vielle dècrèpite
Et un jeune juge en bois brut;
Voyant que toutes se dèrobent,
Le quadrumane accèlèra
Son dandinement vers les robes
De la vielle et du magistrat !
Gare au gorille !...
"Bah ! soupirait la centaire,
Qu'on puisse encore me dèsirer,
Ce serait extraordinaire,
Et, pour tout dire, inespèrè !"
Le juge pensait, impassible,
"Qu'on me prenne pour une guenon,
C'est complõtement impossible..."
La suite lui prouva que non !
Gare au gorille !...
Supposez que l'un de vous puisse étre,
Comme le singe, obligè de
Violer un juge ou une ancõtre,
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu'une alternative pareille,
Un de ces quatres jours, m'èchoie,
C'est, j'en suis convaicu, la vielle
Qui sera l'objet de mon choix !
Gare au gorille !...
Mais, par malheur, si le gorille
Aux jeux de l'amour vaut son prix,
On sait qu'en revanche il ne brille
Ni par le goøt, ni par l'esprit.
Lors, au lieu d'opter pour la vielle,
Comme aurait fait n'importe qui,
Il saisit le juge þ l'oreille
Et l'entraína dans un maquis !
Gare au gorille !...
La suite serait dèlectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable,
Ca nous aurait fait rire un peu;
Car le juge, au moment supréme,
Criait : "Maman !", pleurait beaucoup,
Comme l'homme auquel, le jour méme,
Il avait fait trancher le cou.
Gare au gorille !...
Pour changer en amour notre amourette,
Il s'en serait pas fallu de beaucoup,
Mais, ce jour lþ, Vènus ètait distraite,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
Des jours oû il joue les mouches du coche.
Oû, elles sont èmoussèes dans le bout,
Les flõches courtoises qu'il nous dècoche,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
Se consacrant þ d'autres imbèciles,
Il n'eu pas l'heur de s'occuper de nous,
Avec son arc et tous ses ustensiles,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
On tentè sans lui d'ouvrir la féte,
Sur l'herbe tendre, on s'est roulès, mais vous
Avez perdu la vertu, pas la téte,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
Si vous m'avez donnè toute licence,
Le coeur, hèlas, n'ètait pas dans le coup;
Le feu sacrè brillait par son abscence,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
On effeuilla vingt fois la marguerite,
Elle tomba vingt fois sur «pas du tout».
Et notre pauvre idylle a fait faillite,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
Quand vous irez au bois conter fleurette,
Jeunes galants, le ciel soit avec vous.
Je n'eus pas cette chance et le regrette,
Il est des jours oû Cupidon s'en fout.
Au village, sans prètention,
J'ai maivaise rèputation.
Qu' je m' dèmõne ou qu' je reste coi
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi!
Je ne fait pourtant de tort þ personne
En suivant mon de petit bonhomme.
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde mèdit de moi,
Sauf les muets, ãa va de soi.
Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de mal þ personne,
En n'ècoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ãa va de soi.
Quand j' crois' un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
j' lance la patte et pourquoi le tair',
Le cul-terreux s' retrouv' par terr'
Je ne fait pourtant de tort þ personne, En laissant courir les
voleurs de pommes. Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde se rue sur moi,
Sauf les culs-d'jatt', ãa va de soi.
Pas besoin d'etre Jèrèmie,
Pour d'viner l'sort qui m'est promis,
s'ils trouv'nt une corde þ leur gout,
Ils me la passeront au cou,
Je ne fait pourtant de tort þ personne,
En suivant les ch'mins qui n' mõnent pas þ Rome,
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout l' mond' viendra me voir pendu,
Sauf les aveugl's, bien entendu.
Les amoureux des bancs publics
Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu'on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c'est une absurditè
Car þ la vèritè
Ils sont lþ c'est notoir'
Pour accueillir quelque temps les amours dèbutants
Les amoureux qui s' bècott'nt sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s' fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnetes
Les amoureux qui s' bècott'nt sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s' disant des " Je t'aim' " pathètiqu's
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiqu's.
Ils se tiennent par la main
Parlent du lendemain
Du papier bleu d'azur
Que revetiront les murs de leur chambre þ coucher.
Ils se voient dèjþ doucement
Ell' cousant, lui fumant,
Dans un bien-etre sur
Et choisissant les prènoms de leur premier bébé
Quand les mois auront passè
Quand seront apaisès
Leurs beaux reves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s'apercevront èmus
Qu' c'est au hasard des rues
Sur un d' ces fameux bancs
Qu'ils ont vècu le meilleur morceau de leur amour.
Quand la saint' famill' machin
Croise sur son chemin
Deux de ces malappris
Ell' leur déoche en passant des propos venimeux
N'empech' que tout' la famille
Le pèr' la mèr' la fille
Le fils le saint esprit
Voudrait bien de temps en temps pouvoir s' conduir' comme eux.
Les sabots d'Hèlõne Etaient tout crottès
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une ame en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De les dèchausser
Les sabots d'Hèlõn' moi qui ne sius pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Dans les sabots de la pauvre Hèlõne
Dans ses sabots crottès
Moi j'ai trouve les pieds d'une reine
Et je les ai gardès.
Son jupon de laine
Etait tout mitè
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une ame en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De le retrousser
Le jupon d'Hèlõn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Sous les jupons de la pauvre Hèlõne
Sous son jupon mitè
Moi j'ai trouve des jambes de reine
Et je les ai gardès.
Et le coeur d'Hèlõne
Savait pas chanter
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une ame en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De m'y arreter
Dans le coeur d'Hèlõn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Dans le coeur de la pauvre Hèlõne
Qu'avait jamais chantè
Moi j'ai trouve l'amour d'une reine
Et je l'ai gardè.
Margonton la jeune bergère
Trouvant dans l'herbe un petit chat
Qui venait de perdre sa mõre
L'adopta
Elle entrouvre sa collerette
Et le couche contre son sein
c'ètait tout c' quelle avait pauvrette
Comm' coussin
Le chat la prenant pour sa mõre
Se mit þ tèter tout de go
Emue, Margot le laissa faire
Brav' margot
Un croquant passan þ la ronde
Trouvant le tableau peu commun
S'en alla le dire þ tout l' monde
Et le lendemain
Refrain
Quand Margot dègrafait son corsage
Pour donner la gougoutte þ son chat
Tous les gars , tous les gars du village
Etaient lþ, la la la la la la
Etaient lþ, la la la la la
Et Margot qu'ètait simple et trõs sage
Prèsumait qu' c'ètait pour voir son chat
qu'les gars , tous les gars du village
Etaient lþ, la la la la la la
Etaient lþ, la la la la la.
L' maitre d'ècole et ses potaches
Le mair', le bedeau, le bougnat
Nègligeaient carrèment leur tache
Pour voir ãa
Le facteur d'ordinair' si preste
Pour voir ãa, n' distribuait plus
Les lettre que personne au reste
N'aurait lues.
Pour voir ãa, Dieu le pardonne,
Les enfants de coeur au milieu
Du Saint Sacrifice abondonnent
Le Saint lieu.
Les gendarmes, mem' mes gendarmes
Qui sont par natur' si ballots
Se laissaient toucher par les charmes
Du joli tableau.
(au refrain)
(dans une peau d'vache)
Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugle que moi dans tous les ages
Mais faut dir' qu' je m'ètait creuvè les yeux
En regardant de trop prõs son corsage.
Refrain
Un' jolie fleur dans une peau d' vache
Un' jolie vach' dèguisèe en fleur
Qui fait la belle et qui vous attache
Puis, qui vous mõn' par le bout du coeur.
Le ciel l'avait pourvue des mille appas
Qui vous font prendre feu dõs qu'on y touche
L'en avait tant que je ne savais pas
Ne savais plus oû donner de la bouche.
Ell' n'avait pas de tete, ell' n'avait pas
L'esprit beaucoup plus grand qu'un dè þ coudre
Mais pour l'amour on ne demande pas
Aux fille d'avoir inventè la poudre.
Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant þ l'ame un mal funeste
Et toutes les herbes de la Saint-Jean
N'ont pas pu me guèrir de cette peste.
J' lui en ai bien voulu mais þ prèsent
J'ai plus d' rancune et mon coeur lui pardonne
D'avoir mis mon coeur þ feu et þ sang
Pour qu'il ne puisse plus servir þ personne.
Il pleuvait fort sur la grand-route,
Ell' cheminait sans parapluie,
J'en avait un, volè sans doute
Le matin meme þ un ami.
Courant alors þ sa rescousse,
Je lui propose un peu d'abri
En sèchant l'eau de sa frimousse,
D'un air trõs doux ell' m'a dit oui.
Refrain
Un p'tit coin d' parapluie,
Contre un coin d' Paradis.
Elle avait quelque chos' d'un ange,
Un p'tit coin d' Paradis,
Contre un coin d' parapluie.
Je n' perdait pas au change,
Pardi!
Chemin faisant que se fut tendre
D'ouir þ deux le chant joli
Que l'eau du ciel faisait entendre
Sur le toit de mon parapluie.
J'aurais voulu comme au dèluge,
voir sans arret tomber la pluie,
Pour la garder sous mon refuge,
Quarante jours, Quarante nuits.
(au refrain)
Mais betement, meme en orage,
Les routes vont vers des pays.
Bientot le sien fit un barrage
A l'horizon de ma foli.
Il a fallut qu'elle me quitte,
Aprõs m'avoir dit grand merci.
Et je l'ai vue toute petite
Partir gaiement vers mon oubli.
(au refrain)
Tonton Nestor,
Vous êtes tort,
Je vous le dis tout net.
Vous avez mis
La zizani'
Aux noces de Jeannett'.
Je vous l'avou',
Tonton, vous vous
Comportâtes comme un
Mufle achevé,
Rustre fiéffé,
Un homme du commun.
Quand la fiancé',
Les yeux baissés,
Des larmes pleins les cils,
S'apprêtait à
Dire " Oui da ! "
A l'officier civil,
Qu'est-c' qui vous prit,
Vieux malappris,
D'aller, sans retenue,
Faire un pinçon
Cruel en son
Eminence charnue ?
Se retournant
Incontinent,
Ell' souffleta, flic-flac !
L' garçon d'honneur
Qui, par bonheur,
Avait un' tête à claqu',
Mais au lieu du
" Oui " attendu,
Ell' s'écria : " Maman "
Et l' mair' lui dit :
" Non, mon petit,
Ce n'est pas le moment. "
Quand la fiancé',
Les yeux baissés,
D'une voix solennell'
S'apprêtait à
Dire " Oui da ! "
Par-devant l'Eternel,
Voila mechef
Que, derechef,
Vous osâtes porter
Votre fichue
Patte crochue
Sur sa rotondité.
Se retournant
Incontinent,
Elle moucha le nez
D'un enfant d'choeur
Qui, par bonheur,
Etait enchifrené,
Mais au lieu du
" Oui " attendu,
De sa pauvre voix lass',
Au tonsuré
Désemparé
Elle a dit " Merde ", hélas !
Quoiqu'elle usât,
Qu'elle abusât
Du droit d'être fessu',
En la pinçant,
Mauvais plaisant,
Vous nous avez déçus.
Aussi, ma foi,
La prochain' fois
Qu'on mariera Jeannett',
On s' pass'ra d'vous.
Tonton, je vous,
Je vous le dit tout net.
La ballade des cimetières
J'ai des tombeaux en abondance,
Des sépultur' à discrétion,
Dans tout cim'tièr' d' quelque importance
J'ai ma petite concession.
De l'humble tertre au mausolée,
Avec toujours quelqu'un dedans,
J'ai des p'tit's boss's plein les allées,
Et je suis triste, cependant...
Car je n'en ai pas, et ça m'agace,
Et ça défrise mon blason,
Au cimetièr' du Montparnasse,
A quatre pas de ma maison.
J'en possède au Père-Lachaise,
A Bagneux, à Thiais, à Pantin,
Et jusque, ne vous en déplaise,
Au fond du cimetièr' marin,
A la vill' comm' à la campagne,
Partout où l'on peut faire un trou,
J'ai mêm' des tombeaux en Espagne
Qu'on me jalouse peu ou prou...
Mais j' n'en ai pas la moindre trace,
Le plus humble petit soupçon,
Au cimetièr' du Montparnasse,
A quatre pas de ma maison.
Le jour des morts, je cours, le vole,
Je vais infatigablement,
De nécropole en nécropole,
De pierr' tombale en monument.
On m'entrevoit sous un' couronne
D'immortelles à Champerret,
Un peu plus tard, c'est à Charonne
Qu'on m'aperçoit sous un cyprès...
Mais, seul, un fourbe aura l'audace,
De dir' : " J' l'ai vu à l'horizon,
Du cimetièr' du Montparnasse,
A quatre pas de sa maison ".
Devant l' château d' ma grand-tante
La marquise de Carabas,
Ma saint' famille languit d'attente :
Mourra-t-ell', mourra-t-elle pas ?
L'un veut son or, l'autre veut ses meubles,
Qui ses bijoux, qui ses bib'lots,
Qui ses forêts, qui ses immeubles,
Qui ses tapis, qui ses tableaux...
Moi je n'implore qu'une grâce,
C'est qu'ell' pass' la morte-saison
Au cimetièr' du Montparnasse,
A quatre pas de ma maison.
Ainsi chantait, la mort dans l'âme,
Un jeun' homm' de bonne tenue,
En train de ranimer la flamme
Du soldat qui lui était connu,
Or, il advint qu'le ciel eut marr' de
L'entendre parler d' ses caveaux.
Et Dieu fit signe à la camarde
De l'expédier ru' Froidevaux...
Mais les croqu'-morts, qui étaient de Chartre',
Funeste erreur de livraison,
Menèr'nt sa dépouille à Montmartre,
De l'autr' côté de sa maison.
L'Enterrement de Verlaine
Poème de Paul fort
Le revois-tu mon âme, ce Boul' Mich' d'autrefois
Et dont le plus beau jour fut un jour de beau froid :
Dieu : s'ouvrit-il jamais une voie aussi pure
Au convoi d'un grand mort suivi de miniatures ?
Tous les grognards - petits - de Verlaine étaient là,
Toussotant, Frissonnant, Glissant sur le verglas,
Mais qui suivaient ce mort et la désespérance,
Morte enfin, du Premier Rossignol de la France.
Ou plutôt du second (François de Montcorbier,
Voici belle lurette en fut le vrai premier)
N'importe ! Lélian, je vous suivrai toujours !
Premier ? Second ? vous seul. En ce plus froid des jours.
N'importe ! Je suivrai toujours, l'âme enivrée
Ah ! Folle d'une espérance désespérée
Montesquiou-Fezensac et Bibi-la-Purée
Vos deux gardes du corps, - entre tous moi dernier.
Poème de Paul Fort
Cette gerbe est pour vous Manon des jours heureux,
Pour vous cette autre, eh ! oui, Jeanne des soirs troublants.
Plus souple vers l'azur et déchiré des Sylphes,
Voilà tout un bouquet de roses pour Thérèse.
Où donc est-il son fin petit nez qui renifle ?
Au paradis ? eh ! non, cendre au Père-Lachaise.
Plus haut, cet arbre d'eau qui rechute pleureur,
En saule d'Orphélie, est pour vous, Amélie.
Et pour vous ma douceur, ma douleur, ma folie !
Germaine Tourangelle, ô vous la plus jolie.
Le fluide arc-en-ciel s'égrenant sur mon coeur.
dit " Petit Verglas "
Poème de Paul Fort
Ne tremblez pas, mais je dois le dire elle fut assassinée au couteau par
un fichu mauvais garçon, dans sa chambre, là-bas derrière le Panthéon,
rue Descartes, où mourut Paul Verlaine.
O ! oui, je l'ai bien aimée ma petite " Petit Verglas " à moi si bonne
et si douce et si triste. Pourquoi sa tristesse ? Je ne l'avais pas
deviné, je ne pouvais pas le deviner.
Non, je l'ai su après tu me l'avais caché que ton père était mort
sur
l'échafaud, Petit Verglas ! J'aurais bien dû le comprendre à tes
sourires.
J'aurais dû le deviner à tes petits yeux, battus de sang, à ton bleu
regard indéfinissable, papillotant et plein de retenue.
Et moi qui avais toujours l'air de te dire " Mademoiselle, voulez-vous
partager ma statue ? " Ah ! J'aurais dû comprendre à tes sourires, tes
yeux bleus battus et plein de retenue.
Et je t'appelais comme ça, le Petit Verglas, que c'est bête un poète !
O
petite chair transie ! Moi, je l'ai su après que ton père était mort
ainsi...
Pardonne-moi, Petit Verglas. Volez, les anges !
Dans les comptes d'apothicaire,
Vingt ans, c'est un' somm' de bonheur.
Mes vingt ans sont morts à la guerre,
De l'autr' côté du champ d'honneur.
Si j' connus un temps de chien, certes,
C'est bien le temps de mes vingt ans !
Cependant, je pleure sa perte,
Il est mort, c'était le bon temps !
Refrain
Il est toujours joli, le temps passé.
Un' fois qu'ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés :
Les morts sont tous des braves types.
Dans ta petit' mémoire de lièvre,
Bécassine, il t'est souvenu
De notre amour du coin des lèvres,
Amour nul et non avenu,
Amour d'un sou qui n'allait, certes,
Guèr' plus loin que le bout d' son lit.
Cependant, nous pleurons sa perte,
Il est mort, il est embelli !
J'ai mis ma tenu' la plus sombre
Et mon masque d'enterrement,
Pour conduire au royaum' des ombres
Un paquet de vieux ossements.
La terr' n'a jamais produit, certes,
De canaille plus consommée.
Cependant, nous pleurons sa perte,
Elle est morte, elle est embaumée !
Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous,
Ivrogne, immonde, infâme,
Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous,
M'avait vendu sa femme.
Quand je l'eus mise au lit, quand j' voulus l'étrenner,
Quand j' fis voler sa jupe,
Il m'apparut alors qu'j'avais été berné
Dans un marché de dupe.
" Remball' tes os, ma mie, et garde tes appas,
Tu es bien trop maigrelette,
Je suis un bon vivant, ça n'me concerne pas
D'étreindre des squelettes.
Retourne à ton mari, qu'il garde les cent sous,
J' n'en fais pas une affaire. "
Mais ell' me répondit, le regard en dessous :
" C'est vous que je préfère...
J' suis pas bien gross', fit-ell', d'une voix qui se nou',
Mais ce n'est pas ma faute... "
Alors, moi, tout ému, j' la pris sur mes genoux
Pour lui compter les côtes.
" Toi qu' j'ai payé cent sous, dis-moi quel est ton nom,
Ton p'tit nom de baptême ?
- Je m'appelle Ninette. - Eh bien, pauvre Ninon,
Console-toi, je t'aime. "
Et ce brave sac d'os dont j' n'avais pas voulu,
Même pour une thune,
M'est entré dans le coeur et n'en sortirait plus
Pour toute une fortune.
Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous,
Ivrogne, immonde, infâme,
Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous,
M'avait vendu sa femme.
Dans l'eau de la claire fontaine
Dans l'eau de la claire fontaine
Elle se baignait toute nue.
Une saute de vent soudaine
Jeta ses habits dans les nues.
En détresse, elle me fit signe,
Pour la vêtir, d'aller chercher
Des morceaux de feuilles de vigne,
Fleurs de lis ou fleurs d'oranger.
Avec des pétales de roses,
Un bout de corsage lui fis.
Mais la belle était si petite
Qu'une seule feuille a suffi.
Elle me tendit ses bras, ses lèvres,
Comme pour me remercier...
Je les pris avec tant de fièvre
Qu'ell' fut toute déshabillée.
Le jeu dut plaire à l'ingénue,
Car, à la fontaine souvent,
Ell' s'alla baigner toute nue
En priant qu'il fit du vent,
Qu'il fit du vent...
* A l'heure du berger,
Au mépris du danger,
J' prendrai la passerelle
Pour rejoindre ma belle,
A l'heure du berger,
Au mépris du danger,
Et nul n'y pourra rien changer.
* Tombant du haut des nues,
La bourrasque est venue
Souffler dessus la passerelle,
Tombant du haut des nues,
La bourrasque est venue,
La passerelle', il y en a plus.
* Si les vents ont cru bon
De me couper les ponts,
J' prendrai la balancelle
Pour rejoindre ma belle,
Si les vents ont cru bon,
De me couper les ponts,
J'embarquerai dans l'entrepont.
* Tombant du haut des nu's,
Les marins sont venus
Lever l'ancre à la balancelle,
Tombant du haut des nu's,
Les marins sont venus,
Des balancelle', il y en a plus.
* Si les forbans des eaux
Ont volé mes vaisseaux,
Y me pouss'ra des ailes
Pour rejoindre ma belle,
Si les forbans des eaux
Ont volé mes vaisseaux,
J' prendrai le chemin des oiseaux.
* Les chasseurs à l'affût
Te tireront dessus,
Adieu les plumes ! adieu les ailes !
Les chasseurs à l'affût
Te tireront dessus,
De tes amours, y en aura plus.
* Si c'est mon triste lot
De faire un trou dans l'eau,
Racontez à la belle
Que je suis mort fidèle,
Et qu'ell' daigne à son tour
Attendre quelques jours
Pour filer de nouvell's amours.
Si le Bon Dieu l'avait voulu
Poème de Paul Fort
Si le Bon Dieu l'avait voulu - lanturette, lanturlu, - j'aurais connu la
Cléopâtre, et je t'aurais pas connue. J'aurais connu la Cléopâtre,
et je
ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, las ! que fussé-
je devenu ?
Si le Bon Dieu l'avait voulu, j'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette
et Mélusine, et je ne t'aurais pas connue. J'aurais connu la Pompadour,
Noémi, Sarah, Rebecca, la Fille du Royal Tambour, et la Mogador et
Clara.
Mais le Bon Dieu n'a pas voulu que je connaisse leurs amours, je t'ai
connue, tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues ! - Las !
que fussé-je devenu sans toi la nuit, sans toi le jour ? Je t'ai connue,
tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues !
Le temps ne fait rien à l'affaire
Quand ils sont tout neufs,
Qu'ils sortent de l'oeuf,
Du cocon,
Tous les jeunes blancs-becs
Prennent les vieux mecs
Pour des cons.
Quand ils sont d'venus
Des têtes chenu's,
Des grisons,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunots
Pour des cons.
Moi, qui balance entre deux âges,
J' leur adresse à tous un message :
Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con.
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con.
Entre vous, plus de controverses,
Cons caducs ou cons débutants,
Petits cons d' la dernière averse,
Vieux cons des neiges d'antan.
Vous, les cons naissants,
Les cons innocents,
Les jeun's cons
Qui n' le niez pas,
Prenez les papas
Pour des cons,
Vous, les cons âgés,
Les cons usagés,
Les vieux cons
Qui, confessez-le,
Prenez les p'tits bleus
Pour des cons,
Méditez l'impartial message
D'un type qui balance entre deux âges :
La Complainte des Filles de Joie
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appell'nt des filles de joi'
C'est pas tous les jours qu'ell's rigolent,
Parole, parole,
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent.
Car, même avec des pieds de grues,
Fair' les cent pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles,
Parole, parole,
C'est fatigant pour les guibolles.
Non seulement ell's ont des cors,
Des oeils-de-perdrix, mais encor
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles,
Parole, parole,
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles.
Y'a des clients, y'a des salauds
Qui se trempent jamais dans l'eau.
Faut pourtant qu'elles les cajolent,
Parole, parole,
Faut pourtant qu'elles les cajolent.
Qu'ell's leur fasse la courte échell'
Pour monter au septième ciel.
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent,
Parole, parole,
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent.
Ell's sont méprisé's du public,
Ell's sont bousculé's par les flics,
Et menacé's de la vérole,
Parole, parole,
Et menacé's de la vérole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour,
Qu'ell's se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
Parole, parole,
La noce est jamais pour leur fiole.
Fils de pécore et de minus,
Ris par de la pauvre Vénus,
La pauvre vieille casserole,
Parole, parole,
La pauvre vieille casserole.
Il s'en fallait de peu, mon cher,
Que cett' putain ne fût ta mère,
Cette putain dont tu rigoles,
Parole, parole,
Cette putain dont tu rigoles.
Les Trompettes de la Renommée
Je vivais à l'écart de la place publique,
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique...
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir.
Les gens de bon conseil ont su me fair' comprendre
Qu'à l'homme de la ru' j'avais des compt's à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
J' devais mettre au grand jour tous mes petits secrets.
Refrain
Trompettes
De la Renommée,
Vous êtes
Bien mal embouchées !
Manquant à la pudeur la plus élémentaire,
Dois-je, pour les besoins d' la caus' publicitaire,
Divulguer avec qui, et dans quell' position
Je plonge dans le stupre et la fornication ?
Si je publi' des noms, combien de Pénélopes
Passeront illico pour de fieffé's salopes,
Combien de bons amis me r'gard'ront de travers,
Combien je recevrai de coups de revolver !
A toute exhibition, ma nature est rétive,
Souffrant d'un' modesti' quasiment maladive,
Je ne fais voir mes organes procréateurs
A personne, excepté mes femm's et mes docteurs.
Dois-je, pour défrayer la chroniqu' des scandales,
Battre l' tambour avec mes parti's génitales,
Dois-je les arborer plus ostensiblement,
Comme un enfant de choeur porte un saint sacrement ?
Une femme du monde, et qui souvent me laisse
Fair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d' noblesse,
M'a sournois'ment passé, sur son divan de soi',
Des parasit's du plus bas étage qui soit...
Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame,
Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame
En criant sur les toits, et sur l'air des lampions :
" Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ?
Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente
Avec le Pèr' Duval, la calotte chantante,
Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumèn',
Il me laisse dire merd', je lui laiss' dire amen,
En accord avec lui, dois-je écrir' dans la presse
Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse,
Chantant la mélopé' d'une voix qui susurre,
Tandis qu'ell' lui cherchait des poux dans la tonsure ?
Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche
Pour fair' parler un peu la déesse aux cent bouches ?
Faut-il qu'un' femme célèbre, une étoile, une star,
Vienn' prendre entre mes bras la plac' de ma guitar' ?
Pour exciter le peuple et les folliculaires,
Qui'est-c' qui veut me prêter sa croupe populaire,
Qui'est-c' qui veut m' laisser faire, in naturalibus,
Un p'tit peu d'alpinism' sur son mont de Vénus ?
Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Qu'ça confère à ma gloire un' onc' de plus-valu',
Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus.
Après c'tour d'horizon des mille et un' recettes
Qui vous val'nt à coup sûr les honneurs des gazettes,
J'aime mieux m'en tenir à ma premièr' façon
Et me gratter le ventre en chantant des chansons.
Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare.
Refusant d'acquitter la rançon de la gloir',
Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir.
Depuis que l'homme écrit l'Histoire,
Depuis qu'il bataille à coeur joie
Entre mille et une guerr' notoires,
Si j'étais t'nu de faire un choix,
A l'encontre du vieil Homère,
Je déclarais tout de suit' :
" Moi, mon colon, cell' que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! "
Est-ce à dire que je méprise
Les nobles guerres de jadis,
Que je m' souci' comm' d'un' cerise
De celle de soixante-dix ?
Au contrair', je la révère
Et lui donne un satisfecit
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs epé's dans l'eau,
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux...
Leurs faits d'armes sont légendaires,
Au garde-à-vous, je les félicit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Bien sûr, celle de l'an quarante
Ne m'as pas tout a fait déçu,
Elle fut longue et massacrante
Et je ne crache pas dessus,
Mais à mon sens, elle ne vaut guère,
Guèr' plus qu'un premier accessit,
Moi, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Mon but n'est pas de chercher noise
Au guérillas, non, fichtre ! non,
Guerres saintes, guerres sournoises,
Qui n'osent pas dire leur nom,
Chacune a quelque chos' pour plaire,
Chacune a son petit mérit',
Mais, mon colon, celle que j' préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
Du fond de son sac à malices,
Mars va sans doute, à l'occasion,
En sortir une - un vrai délice ! -
Qui me fera grosse impression...
En attendant je persévère
A dir' que ma guerr' favorit',
Cell', mon colon, que j' voudrais faire,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit !
La petite
Marguerite
Est tombé',
Singulière,
Du bréviaire
De l'abbé.
Trois pétales
De scandale
Sur l'autel,
Indiscrète
Pâquerette,
D'où vient-ell' ?
Dans l'enceinte
Sacro-sainte,
Quel émoi !
Quelle affaire,
Oui, ma chère,
Croyez-moi !
La frivole
Fleur qui vole,
Arrive en
Contrebande
Des plat's-bandes
Du couvent.
Notre Père
Qui, j'espère,
Etes aux cieux,
N'ayez cure
Des murmures
Malicieux.
La légère
Fleur, peuchère !
Ne vient pas
De nonnettes,
De cornettes
En sabbat.
Sachez, diantre !
Qu'un jour, entre
Deux ave,
Sur la pierre
D'un calvaire
Il l'a trouvé'.
Et l'a mise,
Chose admise
Par le ciel,
Sans ambages,
Dans les pages
Du missel.
Que ces messes
Basses cessent,
Je vous en prie.
Non, le prête
N'est pas traître
A Marie.
Que personne
Ne soupçonne,
Puis jamais,
La petite
Marguerite,
Ah ! ça mais...
Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu
S'il n'en existait pas une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche...
Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et, comme par miracle, par enchantement,
On fait parti' de la famille,
Dans son coeur, en s' poussant un peu,
Reste encore une petite place...
La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégaient les ivrognes
Des tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.
Refrain.
Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.
Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.
Quand deux imbéciles heureux
S'amusaient à des bagatelles,
Un tas de génies amoureux
Venaient leur tenir la chandelle.
Du fin fond du champs élysées
Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ",
Ils accouraient à l'instant même
Compter les baisers.
La plus humble amourette
Etait alors bénie
Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie.
L'amour donnait un lustre au pire des minus,
Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les coeurs battent encore,
Et la règle du jeu de l'amour est la même.
Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment.
Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort.
Et quand fatale sonnait l'heure
De prendre un linceul pour costume
Un tas de génies l'oeil en pleurs
Vous offraient des honneurs posthumes.
Et pour aller au céleste empire,
Dans leur barque ils venaient vous prendre.
C'était presque un plaisir de rendre
Le dernier soupir.
La plus humble dépouille était alors bénie,
Embarquée par Caron, Pluton et compagnie.
Au pire des minus, l'âme était accordée,
Et le moindre mortel avait l'éternité.
Au refrain.
Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore,
Mais la tombe est hélas la dernière demeure
Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent.
La mort est naturelle, et le grand Pan est mort.
Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes,
Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même
Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. "
Ayant avecques lui toujours fait bon mènage
J'eusse aimè cèlèbrer sans étre inconvenant
Tendre corps fèminin ton plus bel apanage
Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant.
Ceøt ètè mon ultime chant mon chant du cygne
Mon dernier billet doux mon message d'adieu
Or malheureusement les mots qui le dèsignent
Le disputent þ l'exècrable þ l'odieux.
C'est la grande pitiè de la langue franãaise
C'est son talon d'Achille et c'est son dèshonneur
De n'offrir que des mots entachès de bassesse
A cette incomparable instrument de bonheur.
Alors que tant de fleurs ont des noms poètiques
Tendre corps fèminin' c'est fort malencontreux
Que la fleur la plus douce la plus èrotique
Et la plus enivrante en ait de plus scabreux.
Mais le pire de tous est un petit vocable
De trois lettres pas plus familier coutumier
Il est inexplicable il est irrèvocable
Honte þ celui-lþ qui l'employa le premier
Honte þ celui-lþ qui par dèpit par gageure
Dota de méme terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure
Celui-lþ c'est probable en ètait un fameux.
Misogyne þ coup sør asexuè sans doute
Au charmes de Vènus absolument rètif
Etait ce bougre qui toute honte bue toute
Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif.
La malpeste soit de cette homonymie
C'est injuste madame et c'est dèsobligeant
Que ce morceau de roi de votre anatomie
Porte le méme nom qu'une foule de gens.
Fasse le ciel dans un trait de gènie
Un poõte inspirè que Pègase soutient
Donne en effaãant d'un coup des siõcles d'avanie
A cette vraie merveille un joli nom chrètien
En attendant madame il semblerait dommage
Et vos adorateurs en seraient tous peinès
D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
Il est d'autre moyen et que je les connais
Et que je les connais.
La non-demande en mariage
Ma mi', de gráce, ne mettons
Pas sous la gorge þ Cupidon
Sa propre flõche,
Tant d'amoureux l'ont essayè
Qui, de leur bonheur, ont payè
Ce sacrilõge...
Refrain
j'ai l'honneur de
Ne pas te demander ta main,
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin.
Laissons le champs libre au oiseaux,
Nous seront tous les deux priso-
nniers sur parole,
Au diable, les maítresses queux
Qui attachent les coeurs aux queu's
Des casseroles!
refrain
Vènus se fait vielle souvent
elle perd son latin devant
La lõchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite.
refrain
On leur òte bien des attraits,
En dèvoilant trop les secrets
De Mèlusine.
L'encre des billets doux pálit
Vite entre les feuillets des li-
vres de cuisine.
refrain
Il peut sembler de tout repos
De mettre þ l'ombre, au fond d'un pot
De confiture,
La joli' pomme dèfendu',
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goøt "nature".
refrain
De servante n'ai pas besoin,
Et du mènage et de ses soins
Je t'en dispense...
Qu'en èternelle fiancèe,
A la dame de mes pensèe'
Toujours je pense...
refrain
Elle est þ toi cette chanson
Toi l'Auvergnat qui sans faãon
M'as donnè quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid
Toi qui m'as donnè du feu quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnès
M'avaient fermè la porte au nez
Ce n'ètait rien qu'un feu de bois
Mais il m'avait chauffè le corps
Et dans mon áme il brøle encore
A la maniõr' d'un feu de joie.
Toi l'auvergnat quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise þ travers ciel
Au põre èternel.
Elle est þ toi cette chanson
Toi l'hòtesse qui sans faãon
M'as donnè quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim
Toi qui m'ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnès
S'amusaient a me voir jeøner
Ce n'ètait rien qu'un peu de pain
Mais il m'avait chauffè le corps
Et dans mon áme il brøle encore
A la maniõr' d'un grand festin.
Toi l'hòtesse quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise þ travers ciel
Au põre èternel.
Elle est þ toi cette chanson
Toi l'ètranger qui sans faãon
D'un air malheureux m'as souri
Lorsque les gendarmes m'ont pris
Toi qui n'as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants
Tous les gens bien intentionnès
Riaient de me voir emmener
Ce n'ètait rien qu'un peu de miel
Mais il m'avait chauffè le corps
Et dans mon áme il brøle encore
A la maniõr' d'un grand soleil.
Toi l'ètranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise þ travers ciel
Au põre èternel.
Non ce n'ètait pas le radeau
De la mèduse ce bateau
Qu'on se le dis' au fond des ports
Dis' au fond des ports
Il naviguait en Põr' Penard
Sur la grand-mare des canards
Et s'appelait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Ses fluctuant nec mergitur
C'ètait pas d' la littèratur'
N'en dèplais' au jeteur de sort
Au jeteur de sort
Son capitaine et ses matelots
N'ètaient pas des enfants d' salaud
Mais des amis franco de port
Des copains d'abord.
C'ètaient pas des amis de lux'
Des petits Castor et Pollux
Des gens de Sodom' et Gomorrh'
Sodom' et Gomorrh'
C'ètaient pas des amis choisis
Par Montaigne et La Boètie
Sur le ventre il se tapaient fort
Les copains d'abord.
C'ètaient pas des anges non plus
L'èvangil' ils l'avaient pas lu
Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors
Toutes voil's dehors
Jean Pierre Paul compagnie
C'ètait leur seule litanie
Leur Crèdo leur Confiteor
Aux copains d'abord.
Au moindre coup de Trafalgar
C'est l'amitiè qui prenait l' quart
Cest ell' qui leur montrait le nord
Leur montrait le nord
Et quand ils ètaient en dètress'
Qu' leurs bras lanãaient des S.O.S.
On aurait dit des sèmaphores
Les copains d'abord.
Au rendez-vous des bons copains
Y avait pas souvent de lapins
Quand l'un d'entre eux manquait þ bord
C'est qu'il ètait mort
Oui mais jamais au grand jamais
Son trou dans l'eau n' se refermait
Cent ans aprõs coquin de sort
Il manquait encor.
Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n'ait jamais virè de bord
Mais virè de bord
Navigait en Põre Pènard
Sur la grand-mare des canards
Et s'app'lait les copains d'abord
Les copains d'abord.
Les sabots d'Hèlõne
Etaient tout crottès
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une áme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De les dèchausser
Les sabots d'Hèlõn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Dans les sabots de la pauvre Hèlõne
Dans ses sabots crottès
Moi j'ai trouve les pieds d'une reine
Et je les ai gardès.
Son jupon de laine
Etait tout mitè
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une áme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De le retrousser
Le jupon d'Hèlõn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Sous les jupons de la pauvre Hèlõne
Sous son jupon mitè
Moi j'ai trouve des jambes de reine
Et je les ai gardès.
Et le coeur d'Hèlõne
Savait pas chanter
Les trois capitaines l'auraient appelèe vilaine
Et la pauvre Hèlõne
Etait comme une áme en peine
Ne cherche plus longtemps la fontaine
Toi qui as besoin d'eau
Ne cherche plus, aux larmes d'Hèlõne
Va-t'en remplir ton seau
Moi j'ai pris la peine
De m'y arreter
Dans le coeur d'Hèlõn' moi qui ne suis pas capitaine
Et j'ai vu ma peine
Bien rècompensèe.
Dans le coeur de la pauvre Hèlõne
Qu'avait jamais chantè
Moi j'ai trouve l'amour d'une reine
Et je l'ai gardè.
Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux
Plus aveugle que moi dans tous les áges
Mais faut dir' qu' je m'ètait creuvè les yeux
En regardant de trop prõs son corsage.
Refrain
Un' jolie fleur dans une peau d' vache
Un' jolie vach' dèguisèe en fleur
Qui fait la belle et qui vous attache
Puis, qui vous mõn' par le bout du coeur.
Le ciel l'avait pourvue des mille appas
Qui vous font prendre feu dõs qu'on y touche
L'en avait tant que je ne savais pas
Ne savais plus oû donner de la bouche.
Ell' n'avait pas de téte, ell' n'avait pas
L'esprit beaucoup plus grand qu'un dè þ coudre
Mais pour l'amour on ne demande pas
Aux fille d'avoir inventè la poudre.
Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant þ l'áme un mal funeste
Et toutes les herbes de la Saint-Jean
N'ont pas pu me guèrir de cette peste.
J' lui en ai bien voulu mais þ prèsent
J'ai plus d' rancune et mon coeur lui pardonne
D'avoir mis mon coeur þ feu et þ sang
Pour qu'il ne puisse plus servir þ personne.
Je me suis fait tout petit
Je n'avait jamais òtè mon chapeau
Devant personne
Maintenant je rampe et je fait le beau
Quand ell' me sonne
J'ètais chien mèchant ell' me fait manger
Dans sa menotte
J'avais des dents d' loup, je les ai changèes
Pour des quenottes!
Refrain
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupèe
Qui ferm' les yeux quand on la couche
Je m' suis fait tout p'tit devant un' poupèe
Qui fait Maman quand on la touche.
J'ètait dur þ cuire ell' m'a converti
La fine bouche
Et je suis tombè tout chaud, ròti
Contre sa bouche
Qui a des dents de lait quand elle sourit
Quand elle chante
Et des dents de loup, quand elle est furie
Qu'elle est mèchante.
(refrain)
Je subis sa loi, je file tout doux
Sous son empire
Bien qu'ell' soit jalouse au-delþ de tout
Et meme pire
Un' jolie pervench' un jour en mourut
A coup d'ombrelle.
(refrain)
Tous les somnambules, tous les mages m'ont
Dit sans malice
Qu'en ses bras croix, je subirais mon
Dernier supplice
Il en est de pir's li en est d' meilleur's
Mais þ tout prendre
Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs
S'il faut se pendre.
(refrain)
Auprõs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dø m'èloigner d' mon arbre
Auprõs de mon arbre,
Je vivais heureux
J'aurais jamais dø le quitter des yeux.
J'ai plaquè mon chéne
Comme un saligaud
Mon copain le chéne
Mon alter ego
On ètait du méme bois
Un peu rustique un peu brute
Dont on fait n'importe quoi
Sauf naturell'ment les fløtes
J'ai maint'nant des frénes
Des arbr's de judèe
Tous de bonne graine
De haute futaie
Mais toi tu manque þ l'appel
Ma vieille branche de campagne
Mon seul arbre de Noêl
Mon mát de cocagne.
refrain)
Je suis un pauvr' type
J'aurais plus de joie
J'ai jetè ma pipe
Ma vieill' pipe en bois
Qu'avait fumè sans s' fácher
Sans jamais m'brølè la lippe
L' tabac d' la vache enragèe
Dans sa bonn' vieill' tét' de pipe
J'ai des pip's d'ècume
Ornèes de fleurons
De ces pip's qu'on fume
En levant le front
Mais j' retrouv'rai plus ma foi
Dans mon coeur ni sur ma lippe
Le goøt d' ma vieill' pip' en bois
Sacrè nom d'un' pipe.
(refrain)
Le surnom d'infáme
Me va comme un gant
D'avecques ma femme
J'ai foutu le camp
Parc' que depuis tant d'annèes
C'ètait un' sinècure
De lui voir tout l' temps le nez
Au milieu de la figure
Je bas la campagne
Pour dènicher la
Nouvelle compagne
Valant celles-lþ
Qui, bien sør, laissait beaucoup
Trop de pierr's dans les lentilles
Mais se pendait þ mon cou
Quand j' perdais mes billes.
(refrain)
J'avais un' mansarde
Comme logement
Avec des lèzardes
Sur le firmament
Je l'savais par coeur depuis
Et pour un baiser la course
J'emmenais mes bell's de nuits
Faire u tour sur la grande ourse
J'habit' plus d' mansarde
Il peut dèsormais
Tomber des hall'bardes
Je m'en bats l'oeil mais,
Mais si quelqu'un monte aux cieux
Moins que moi j'y paie des prunes
Y a cent sept ans qui dit mieux,
Qu' j'ai pas vu la lune!
(au refrain)
Quand j'ai couru chanter ma p'tite chanson pour Marinette
La belle, la traítresse ètait allèe þ l'opèra
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru porte mon pot d' moutarde þ Marinette
La belle, la traítresse avait dèjþ fini d' díner
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con.
Quand j'offris pour ètrennes un' bicyclette þ Marinette
La belle, la traítresse avait achetè une auto,
Avec mon p'tit vèlo, j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec mon p'tit vèlo, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette
La bell' disait: "J' t'adore" þ un sal' typ' qui l'embrassait
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con.
Quand j'ai couru brøler la p'tit' cervelle þ Marinette
La belle etait dèjþ morte d'un rhume mal placè,
Avec mon rèvolver, j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec mon rèvolver, j'avais l'air 6
Quand j'ai couru lugubre þ l'enterr'ment de Marinette
La belle, la traítresse ètait dèjþ rèssuscitèe
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con ma mõre,
Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con.
La ballade des gens qui sont nès quelque part
C'est qui sont plaisant tous ces petits villages
Tous ces bourg ces hameaux ces lieux-dits ces citès
Avec leurs cháteau forts leurs èglises leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est étre habitès
E c'est étre habitès par des qui regardent
Le reste avec mèpris du haut de leurs remparts
La race des chauvins des porteurs de cocardes
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part.
Maudits soient ces enfants de leur mõre patrie
Empalès une fois pour toute sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musèes leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu'þ loucher
Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sõte
Ou du diable vauvert ou de Zanzibar
Ou méme de Montcuq il s'en flattent mazette
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part.
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la téte on trouve pas plus fin
Quand þ l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs bulles de savon c'est du soufle divin
Et petit þ petit les voilþ qui se montent
Le cou jusqu'þ penser que le crottin fait par
Les chevaux méme en bois rend jaloux tout le monde
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part.
C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils plaignent de tout coeur les malchanceux
Les petis maladroits qui n'eurent pas la prèsence
La prèsence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur prècaire
Contre les ètrangers tous plus ou moins barbares
Ils sortent de leur trou pour mourir þ la guerre
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part.
Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si on y rencontrait cette race incongrue
Cette race importune et qui partout fosonne
La race des gens du terroir des gens du cru
Que la vie serait belle en toutes circonstances
Si vous n'aviez tirè du nèant tous ces jobards
Preuve peut-étre bien de votre inexistance
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part
Les imbèciles heureux qui sont nès quelque part.
Une manie de vieux garãon
Moi j'ai pris l'habitude
D'agrèmnter ma sollitude
Aux accents de cette chanson
Refrain
Quand je pense þ Fernande
Je bande, je bande
Quand j' pense þ Felicie
Je bande aussi
quand j' pense þ Lèonor
Mon dieu je bande encore
Mais quand j' pense þ Lulu
Lþ je ne bande plus
La bandaison papa
Ca n' se commande pas.
C'est une mále ritournelle
Cette ancinne virile
Qui retentit dans la guèrite
De la vaillance èternelle.
Afin de tromper son cafard
De voir la vie moins terne
Tout en veillant sur sa lanterne
Chante ainsi le gardien de phare
Aprõs la priõre du soir
Comme il est un peu triste
Chante ainsi le sèminariste
A genoux sur son reposoire.
A l'Etoile oû j'ètait venu
Pour ranimer la flamme
J'entendis èmus jusqu'au larmes
La voix du soldat inconnu.
Et je vais mettre un point final
A ce chant salutaire
En suggèrant au solitaire
D'en faire un hymme national.
Sauf le respect que je vous dois
Si vous y tenez tant parlez-moi des affaires publiques
Encor que ce sujet me rende un peu mèlancolique
Parlez-m'en toujours je n' vous en tiendrai pas rigueur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Fi des chantres bélant qui taquine la muse èrotique
Des poõtes galants qui lõchent le cul d'Aphrodite
Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Naguõre mes idèe reposaient sur la non-violence
Mon agressivitè je l'avait rèduite au silence
Mais tout tourne court ma compagne ètait une gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ancienne enfant trouvèe n'ayant connu põre ni mõre
Coiffèe d'un chap'ron rouge ell' s'en fut ironie amõre
Porter soi_-disant une galette þ son aîeule
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'þ l'aurore
Je l'attendis un an pour peu je l'attendrais encore
Un loup de rencontre aura sèduite cette gueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Cupidon ce salaup geste chez lui qui n'est pas rare
Avais trenpè sa flõche un petit peu dans le curare
Le philtre magique avait tout du bouillon d'onzes heures
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Ainsi qu'il est frèquent sous la blancheur de ses pètales
La marguerite cachait une tarentule un crotale
Une vraie vipõre þ la fois lubrique et visqueuse
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Que le septiõme ciel sur ma pauvre téte retombe
Lorsque le dèsespoir m'aura mis au bord de la tombe
Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul
Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois.
Le petit joueur de fløteau
Le petit joueur de fløteau
Menait la musique au cháteau
Pour la gráce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason
Je ne veux pas étre noble
Rèpondit lecroque-note
Avec un blason þ la clè
Mon la se mettrait þ gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de fløte a trahi
Et mon pauvre petit clocher
Me semblerait trop bas perchè
Je ne plierais plus les genoux
Devant le bon Dieu de chez nous
Il faudrait þ ma grande áme
Tous les saints de Notre-Dame
Avec un èvéque þ la clè
Mon la se metrait þ gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de fløte a trahi
Et la chambre oû j'ai vu la jour
Me serait un triste sèjour
Je quitterai mon lit mesquin
Pour une couche þ baldaquin
Je changerais ma chaumiõre
Pour une gentilhommiõre
Avec un manoir þ la clè
On dirait par tout le pays
Le joueur de fløte a trahi
Je serai honteux de mon sang
Des aîeux de qui je descends
On me verrait bouder dessus
La branche dont je suis issu
Je voudrais un magnifique
Arbre gènèalogique
Avec du sang bleu a la clè
Mon la se mettrait a gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de fløte a trahi
Je ne voudrais plus èpouser
Ma promise ma fiancèe
Je ne donnerais pas mon nom
A une quelconque Ninon
Il me faudrait pour compagne
La fille d'un grand d'Espagne
Avec un' princesse þ la clè
Mon la se mettrait þ gonfler
On dirait par tout le pays
Le joueur de fløte a trahi
Le petit joueur de fløteau
Fit la rèvèrence au cháteau
Sans armoiries sans parchemin
Sans gloire il se mit en chemin
Vers son clocher sa chaumine
Ses parents et sa promise
Nul ne dise dans le pays
Le joueur de fløte a trahi
Et Dieu reconnaisse pour sien
Le brave petit musicien
Il vivait en dehors des chemin forestier,
Ce n'ètait nullement un arbre de mètier,
Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bøcheron,
Ce grand chéne fier sur son tronc.
Il eøt connu des jours filès d'or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient;
Des roseaux mal pensant, pas mème des bambous,
S'amusant þ le mettre þ bout.
Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons,
Tout juste cann' þ péch', þ peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L'histoire du chéne et du roseau.
Et, bien qu'il føt en bois, les chénes, c'est courant,
La fable ne le laissait pas indiffèrent.
Il advin que lassè d'étre en but aux lazzi,
Il se rèsolue þ l'exi.
A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou
Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit
De quitter l'ingrate patri'.
Le p'tit ch'val dans le mauvais temps
Qu'il avait donc du courrage!
C'ètait un petit cheval blanc
Tous derriõre, tous derriõre
C'ètait un petit cheval blanc
Tous derriõre et lui devant!
Il n'y avait jamais d' beau temps
Dans ce pauvre paysage!
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriõre, ni derriõre,
Il n'y avait jamais d' printemps
Ni derriõre ni devant!
Mais toujours il ètait content
Menant les gars du village
A travers la pluie noire des champs
Tous derriõre, tous derriõre
A travers la pluie noire des champs
Tous derriõre et lui devant!
Sa voiture allait poursuivant
Sa bell' petit' queue sauvage
C'est alors qu'il ètait content
Tous derriõre, tous derriõre
C'est alors qu'il ètait content
Tous derriõre et lui devant!
Mais un jour dans le mauvais temps,
Un jour qu'il ètait sage
Il est mort par un èclair blanc
Tous derriõre, tous derriõre
Il est mort par un èclair blanc
Tous derriõre et lui devant!
Il est mort sans voir le beau temps
Qu'il avait donc du courrage!
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriõre, ni derriõre
Il est mort sans voir le printemps
Ni derriõre, ni devant!
Paul FORT
Ballade des dames du temps jadis
Dites moy ou, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, nè Thaîs
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus riviõre ou sus estan
Qui beaultè ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qui beaultè ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou est trõs sage Hèlloîs,
Pour qui chastrè fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis?
Pour son amour ot ceste essoyne.
Semblablement, ou est royne
Qui commanda que buridan
Fut getè en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Fut getè en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand piè, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois br^ulõrent a Rouan;
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Ou sont ilz, ou Vierge souveraine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquèrez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?
Franãois Villon
Il n'y a pas d'amour heureux
Rien n'est jamais acquis þ l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix.
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un ètrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux.
Sa vie Elle ressemble þ ces soldats sans armes
Qu'on avait habillès pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir dèsoeuvrès incertains,
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux.
Mon bel amour mon cher amour ma dèchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blèssè
Et ceux-lþ sans savoir nous regarde passer
Rèpètant aprõs moi les mots que j'ai tressès
Et qui pour tes grands yeux tout aussitòt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux.
Le temps d'apprendre þ vivre il est dèjþ trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs þ l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux.
Louis ARAGON.
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour,
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours
C'est lþ l'sort de la marine
Et de tout's nos petit's chèries.
On accoste, vite un bec,
Pour nos baisers, l'corps avec!
Et les joies et les bouderies,
Les fácheries, les bons retours,
On les r'trouve en racourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
On a ri, on s'est baisè,
sur les neunœils, sur les nènès,
Dans les ch'veux þ pleins bècots
Pondus comm' des œufs, tout chauds!
Tout c'qu'on fait dans un seul jour
Et comme on allonge le temps,
Plus d'trois fois dans un seul jour,
Content, pas content, content!
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron.
Ca vous met la joies dans le cœur
La peine aussi et c'est bon.
On n'est pas la pour causer,
Mais on pens' mém' dans l'amour
On pens' que d'main y f'ra jour
Et qu'c'est un' calamitè.
C'est lþ l'sort de la marine,
Et de tout's nos petit's chèries,
On accost' mais on devine
Qu'ãa s'ra pas le paradis!
On aura beau s'dèpècher
Fair' bon dieu, la pige au temps,
Et l'bourrer d'tous nos péchès
Ca n's'ra pas ãa et pourtant...
Tout's les joies, tous les soucis,
Des amours qui dur'nt toujours,
On les r'trouvent en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour.
Paul FORT.
Il avait nom corne d'Aurochs, au guè, au guè
Tout l' mond' peut pas s'app'ler Durand, au guè, au guè
En le regardant avec un oeil de poõte,
On aurait pu croire þ son frontal de prophõte,
Qu'il avait les grand's eaux de Versaill's dans la téte
Corne d'Aurochs.
Mais que le bon dieu lui pardonne, au guè, au guè
C'ètaient celles du robinet; au guè, au guè
On aurait pu croire en l' voyant penchè sur l'onde
Qu'il se plongeait dans des mèditations profondes,
Sur l'aspect fugitif des choses de se monde
Corne d'Aurochs.
C'ètaient hèlas pour s'assurer, au guè, au guè
Qu' le vent n' l'avait pas dècoiffè, au guè, au guè
Il proclamait þ son de trompe þ tous les carrefours
"Il n'y a qu' les imbèciles qui sachent bien faire l'amour,
La virtuositè c'est une affaire de balourds!"
Corne d'Aurochs.
Il potassait þ la chandelle, au guè, au guè
Des traitès de maitien sexuel, au guè, au guè
Et sur les femm's nues des musèes, au guè, au guè
Faisait l' brouillon de ses baisers, au guè, au guè
Et bientòt petit þ petit, au guè, au guè
On a tout su, tout su de lui, au guè, au guè
On a su qu'il ètait enfant de la Patrie
Qu'il ètait incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis þ une fille
Corne d'Aurochs.
Qu'il avait un p'tit cousin, au guè, au guè
Haut placè chez les argousins, au guè, au guè
Et que les jours de pènurie, au guè, au guè
Il prenait ses repas chez lui, au guè, au guè
C'est méme en revenant d' chez cet antipathique
Qu'il tomba victime d'une indigestion critique
Et refusa l' secours de la thèrapeutique
Corne d'Aurochs.
Parce que c'ètait un All'mand, au guè, au guè
Qu'on devait le mèdicament, au guè, au guè
Il rendit comm' il put son áme machinale
Et sa vie n'ayant pas ètè originale
L'Etat lui fit des funèrailles nationales
Corne d'Aurochs.
Alors sa veuve en gèmissant, au guè, au guè
Coucha avec son remplaãant, au guè, au guè.
Au marchè de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crépaient un jour le chignon.
A pied, a cheval, en voiture,
Les gendarmes mal inspirès
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'èchauffourèe.
Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C'est un usag' bien ètabli,
D‚s qu'il s'agit d' rosser les cognes
Tout le monde se rèconcilie.
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruõrent sur les guignols,
Et donnõrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol.
En voyant ces braves pendores
Etre þ deux doigts de succomber,
Moi, j' bichais car je les adore
Sous la forme de macchabèes
De la mansarde oû je rèside
J'exitais les farouches bras
Des mègõres gendarmicides
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"
Frènètiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux marèchal des logis
Et lui fait crier: "Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l'anarchie!"
Une autre fourre avec rudesse
Le cráne d'un de ses lourdauds
Entre ses gigantesques fesses
Quelles serre comme un ètau.
La plus grasse de ses femelles
Ouvrant son corsage dilatè
Matraque þ grand coup de mamelles
Ceux qui passe þ sa portèe.
Ils tombent, tombent, tombent, tombent,
Et s'lon les avis compètents
Il paraít que cette hècatombe
Fut la plus bell' de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons,
Ces furies comme outrage ultime
En retournant þ leurs oignons,
Ces furies þ peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas,
Leur auraient mém' coupè les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
Leur auraient mém' coupè les choses
Par bonheur ils n'en avait pas.
En ce temps-lþ, je vivais dans la lune
Les bonheurs d'ici-bas m'ètaient tous dèfendus
Je semais des violettes et chantais pour des prunes
Et tendais la patte aux chats perdus.
Refrain
Ah ah ah ah putain de toi
Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi...
Un soir de pluie v'lþ qu'on gratte þ ma porte
Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat!
Nom de dieu l' beau fèlin que l'orage m'apporte
C'ètait toi, c'ètait toi, c'ètait toi.
Les yeux fendus et couleur pistache
T'as posè sur mon coeur ta patte de velours
Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache
Et ta vertu ne pesait pas trop lourd.
Au quatre coins de ma vie de bohõme
T'as prom'nè, t'as prom'nè le feu de tes vingt ans.
Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poõmes
C'ètait toi la pluie et le beau temps...
Mais le temps passe et fauche þ l'aveuglette.
Notre amour mørissait þ peine que dèjþ,
Tu brølais mes chansons, crachais sur mes viollettes,
Et faisais des misaires þ mes chats.
Le comble enfin, misèrable salope.
Comme il n' restait plus rien dans le garde-manger,
T'as couru sans vergogne, et pour une escalope,
Te jeter dans le lit du boucher.
C'ètait fini, t'avais passè les bornes.
Et, r'nonãant aux amours frivoles d'ici-bas,
J' suis r'montè dans la lune en emportant mes cornes,
Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats.
Supplique pour être enterré sur une plage de Sète
La camarde qui ne m'a jamais pardonne
d'avoir seme des fleurs dans les trous de son nez
me poursuit d'un zele imbecile
Alors cerne de pres par les enterrements
j'ai cru bon de remettre a jour mon testament
de me payer un codicile
Trempe dans l'encre bleue du golfe du lion
trempe trempe ta plume o mon vieux tabellion
et de ta plus belle ecriture
Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps
lorsque mon ame et lui ne seront plus d'accord
que sur un seul point la rupture
Quand mon ame aura prit son vol a l'horizon
vers celles de gavroche et de mimi pinson
celles des titis, des grisettes
Que vers le sol natal mon corps soit ramene
dans un sleeping du paris-mediterannee
Terminus en plage de Sete
Mon caveau de famille, helas n'est pas tout neuf
vulgairement parlant il est plein comme un oeuf
Et d'ici que quelqu'un n'en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire a ces brave gens, poussez vous donc un peu
Place aux jeunes en quelque sorte=20
Juste au bord de la mer, a deux pas des flots bleus
creusez si c'est possible un petit trou moelleux
une bonne petite niche
Aupres de mes amis d'enfance les dauphins
le long de cette greve ou le sable est si fin
sur la plage de la corniche
C'est une plage ou m=EAme, a ses moments furieux
Neptune ne se prend jamais trop au serieux
Ou quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie : je suis le maitr a bord
Sauve qui peut! le vin et le pastis d'abord
Chacun sa bonbonne et courage !
Et c'est la que jadis, a quinze ans revolus
a l'age ou s'amuser tout seul ne suffit plus
Je connus la prime amourette
Aupres d'une sirene, une femme-poisson
Je recus de l'amour la premiere lecon
Avalai la premiere arete
Deference gardee envers paul Valery
Moi l'humble troubadour sur lui je rencheris
Le bon maitre me le pardonne
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens
mon cimetiere soit plus marin que le sien
Et n'en deplaise au autochtones
Cette tombe en sandwich, entre le ciel et l'eau
ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indefinissable
Les baigneuses s'en serviront de paravent
Pour changer de tenue, et les petits enfants
diront : Chouette un chateau de sable!
Est-ce trop demander, sur mon petit lopin
plantez, je vous en prie, une espece de pin
pin parasol de preference
Qui saura premunir contre l'insolation
les bons amis venus faire sur ma concession
d'affectueuses reverences
Tantot venant d'espagne, et tantot d'italie
tous charges de parfums, de musiques jolies
le mistral et la tramontne
Sur mon dernier sommeil verseront les echos
de villanelle un jour, un jour de fandango
de tarantelle, de sardane...
Et quand prenant ma buette en guise d'oreiller
une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J'en demande pardon par avance a Jesus
si l'ombre de ma crois s'y couche un peu dessus
pour un petit bonheur posthume=20
Pauvres rois, pharaons! pauvre napoleon!
Pauvres grands disparus gisant au pantheon
pauvres cendres de consequence!
Vous envierez un peu l'etenrel estivant
qui fait du pedalo sur la vague en revant
qui passe sa mort en vacances
Vous envierez un peu l'etenrel estivant
qui fait du pedalo sur la vague en revant
qui passe sa mort en vacances
Elle avait la taill' faite au tour,
Les hanches pleines, Et chassait l' mále aux alentours
De la Mad'leine...
A sa faãon d' me dir' : "Mon rat,
Est-c' que j' te tente ?"
Je vis que j'avais affaire þ
Un' dèbutante...
L'avait l' don, c'est vrai, j'en conviens,
L'avait l' gènie,
Mais sans technique, un don n'est rien
Qu'un' sal' manie...
Certes, on ne se fait pas putain
Comme on s' fait nonne.
C'est du moins c' qu'on préche, en latin,
A la Sorbonne...
Me sentant rempli de pitiè
Pour la donzelle,
J' lui enseignai, de son mètier,
Les p'tit's ficelles...
J' lui enseignai l' moyen d' bientòt
Faire fortune,
En bougeant l'endroit oû le dos
R'ssemble þ la lune...
Car, dans l'art de fair' le trottoir,
Je le confesse,
Le difficile est d' bien savoir
Jouer des fesses...
On n' tortill' pas son popotin
D' la mém' maniõre,
Pour un droguiste, un sacristain,
Un fonctionnaire...
Rapidement instruite par
Mes bons offices,
Elle m'investit d'une part
D' ses bènèfices...
On s'aida mutuellement,
Comm' dit l' poõte.
Ell' ètait l' corps, naturell'ment,
Puis moi la téte...
Un soir, þ la suite de
Manoeuvres douteuses,
Ell' tomba victim' d'une
Maladie honteuses...
Lors, en tout bien, toute amitiè,
En fille probe,
Elle me passa la moitiè
De ses microbes...
Aprõs des injections aiguês
D'antiseptique,
J'abandonnai l' mètier d' cocu
Systèmatique...
Elle eut beau pousser des sanglots,
Braire þ tu'-téte,
Comme je n'ètais qu'un salaud,
J' me fis honnéte...
Sitòt privè' de ma tutell',
Ma pauvre amie
Courrut essuyer du bordel
Les infamies...
Paraít qu'ell' s' vend méme þ des flics,
Quell' dècadence !
Y'a plus d' moralitè publiqu'
Dans notre France...
Mariage d'amour, mariage d'argent,
J'ai vu se marier toutes sortes de gens :
Des gens de basse source et des grands de la terre,
Des prètendus coiffeurs, des soi-disant notaires...
Quand méme je vivrai jusqu'þ la fin des temps,
Je garderais toujours le souvenir content
Du jour de pauvre noce oû mon põre et ma mõre
S'allõrent èpouser devant Monsieur le Maire.
C'est dans un char þ boeufs, s'il faut parler bien franc,
Tirè par les amis, poussè par les parents,
Que les vieux amoureux firent leurs èpousailles
Aprõs long temps d'amour, long temps de fianãailles.
Cortõge nuptial hors de l'ordre courant,
La foule nous couvait d'un oeil protubèrant :
Nous ètions contemplès par le monde futile
Qui n'avait jamais vu de noces de ce style.
Voici le vent qui souffle emportant, crõve-coeur !
Le chapeau de mon põre et les enfants de choeur...
Voilþ la plui' qui tombe en pesant bien ses gouttes,
Comme pour empécher la noc', coøte que coøte.
Je n'oublierai jamais la marièe en pleurs
Berãant comme un' poupè' son gros bouquet de fleurs...
Moi, pour la consoler, moi, de toute ma morgue,
Sur mon harmonica jouant les grandes orgues.
Tous les garãons d'honneur, montrant le poing aux nues,
Criaient : "Par Jupiter, la noce continue !"
Par les homm's dècriè', par les dieux contrariès,
La noce continue et Viv' la marièe !
Il est morne, il est taciturne,
Il prèside aux choses du temps,
Il porte un joli nom, "Saturne",
Mais c'est un dieu fort inquiètant.
En allant son chemin morose,
Pour se dèsennuyer un peu,
Il joue þ bousculer les roses,
Le temps tu' le temps comme il peut.
Cette saison, c'est toi, ma belle,
Qui as fait les frais de son jeu,
Toi qui a payè la gabelle,
Un grain de sel dans tes cheveux.
C'est pas vilain, les fleurs d'automne,
Et tous les poõtes l'ont dit.
Je te regarde et je te donne
Mon billet qu'ils n'ont pas menti.
Viens encor', viens ma favorite,
Descendons ensemble au jardin,
Viens effeuiller la marguerite
De l'ètè de la Saint-Martin.
Je sais par coeur toutes tes gráces
Et, pour me les faire oublier,
Il faudra que Saturne en fasse
Des tours d'horlog' de sablier !
Et la petit' pisseus' d'en face
Peut bien aller se rhabiller.
Misogynie þ part, le sage avait raison :
il y a les emmerdant's, on en trouve þ foison,
En foule elles se pressent.
Il y a les emmerdeus's, un peu plus raffinè's,
Et puis, trõs nettement au-dessus du panier,
Y'a les emmerderesses.
La mienne, þ elle seul', sur tout's surenchèrit,
Ell' relõve þ la fois des trois catègori's,
Vèritable prodige,
Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou,
Elle passe, ell' dèpasse, elle surpasse tout,
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
Mon Dieu, pardonnez-moi ces propos bien amers,
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmer-
de, elle abuse, elle attige.
Ell' m'emmerde et j' regrett' mes bell's amours avec
La p'tite enfant d' Mari que m'a soufflè' l'èvéque,
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, et m'oblige þ me cu-
rer les ongles avant de confirmer son cul,
Or, c'est pas callipyge.
Et la charitè seul' pouss' sa main rèsignè'
Vers ce cul rabat-joi', conique, renfrognè,
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, je le rèpõte et quand
Ell' me tape sur le ventre, elle garde ses gants,
Et ãa me dèsoblige.
Outre que ãa dènote un grand manque de tact,
Ca n' favorise pas tellement le contact,
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd' , quand je tombe þ genoux
Pour cetain's dèvotions qui sont bien de chez nous
Et qui donn'nt le vertige,
Croyant l'heure venu' de chanter le credo,
Elle m'ouvre tout grand son missel sur le dos,
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, þ la fornication
Ell' s'emmerde, ell' s'emmerde avec ostentation,
Ell' s'emmerde, vous dis-je.
Au lieu de s'ècrier : "Encor ! Hardi ! Hardi !"
Ell' dèclam' du Claudel, du Claudel, j'ai bien dit,
Alors ãa, ãa me fige.
Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd', j'admets que ce Claudel
Soit un homm' de gènie, un poõte immortel,
J' reconnais son prestige,
Mais qu'on aille chercher dedans son oeuvre pie,
Un aphrodisiaque, non, ãa, c'est d' l'utopie !
Ell' m'emmerde, vous dis-je.
La Messe au pendu disque 12
Anticlirical fanatique
Gros mangeur d'icclisiastiques,
Cet aveu me co[te beaucoup,
Mais ces hommes d'Eglise, hilas !
Ne sont pas tous des digueulasses,
Timoin le curi de chez nous.
Quand la foule qui se dichanne
Pendit un homme au bout d'un chjne
Sans forme aucune de remords,
Ce ratichon fit scandale
Et rugit ` travers les stalles,
"Mort ` toute peine de mort!"
Puis, on le vit, itrange rite,
Qui baptisait les marguerites
Avec l'eau de son binitier
Et qui prodiguait les hosties,
Le pain binit, l'Eucharistie,
Aux petits oiseaux du moutier.
Ensuite, il retroussa ses manches,
Prit son goupillon des dimanches
Et, plein d'une sainte colhre,
Il partit comme ` l'offensive
Dire une grand' messe exclusive
A celui qui dansait en l'air.
C'est ` du gibier de potence
Qu'en cette triste circonstance
L'Hommage sacri fut rendu.
Ce jour l`, le rtle du Christ(e),
Bonne aubaine pour le touriste,
Eti joui par un pendu.
Et maintenant quand on croasse,
Nous, les paoens de sa paroisse,
C'est pas lui qu'on veut dipriser.
Quand on crie "A bas la calotte"
A s'en faire piter la glotte,
La sienne n'est jamais visie.
Anticliricaux fanatiques
Gros mangeur d'icclisiastiques,
Quand vous vous goinfrerez un plat
De cureton, je vous exhorte,
Camarades, ` faire en sorte
Que ce ne soit pas celui-l`.
Poème de Paul FORT
Hi! donne moi ta bouche, hi! ma jolie fraise!
L'aube ` mis des frais's plein notr' horizon
Garde tes dindons, moi mes porc, Thirhse
Ne r'pouss' pas du pied mes petits cochons.
Va, comme hier! comme hier! comme hier!
Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller:
La vie c'est toujours les mjmes chansons.
Pour sauter le gros sourceau d'pierre en pierre,
Comme tous les jours mes bras t'enlhv'ront
Nos dindes, nos truies nous suivront lighres
Ne r'pousse pas du pied mes petits cochons.
Va, comme hier! comme hier! comme hier!
Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
La vie c'est toujours amour et mishre
La vie c'est toujours les mjmes chansons.
J'ai tant de respect pour ton cœur Thirhse,
Et pour tes dindons. Quand nous nous aimons
Quand nous nous fbchons, hi! ma jolie fraise
Ne r'pousse pas du pied mes petits cochons.
Va, comme hier! comme hier! comme hier!
Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller:
La vie c'est toujours les mjmes chansons.
Pensée des morts disque 10
Poème d'Alphonse DE LAMARTINE
Voila les feuilles sans seve
qui tombent sur le gazon
voila le vent qui s'eleve
et gemit dans le vallon
voila l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voila l'enfant des chaumieres
qui glane sur les bruyeres
le bois tombe des forets
C'est la saison ou tout tombe
aux coups redoubles des vents
un vent qui vient de la tombe
moissonne aussi les vivants
ils tombent alors par mille
comme la plume inutile
que l'aigle abandonne aux airs
lorsque des plumes nouvelles
viennent rechauffer ses ailes
a l'approche des hivers
C'est alors que ma paupiere
vous vit palir et mourir
tendres fruits qu'a la lumiere
dieu n'a pas laisse murir
quoique jeune sur la terre
je suis deja solitaire
parmi ceux de ma saison
et quand je dis en moi-meme
"ou sont ceux que ton couer aime?"
je regarde le gazon
C'est un ami de l'enfance
qu'aux jours sombres du malheur
nous preta la providence
pour appuyer notre coeur
il n'est plus : notre ame est veuve
il nous suit dans notre epreuve
et nous dit avec pitie
"ame si ton ame et pleine
de ta joie ou de ta peine
qui portera la moitie?"
C'est une jeune fiancee
qui, le front ceint du bandeau
n'emporta qu'une pensee
de sa jeunesse au tombeau
Triste, helas ! dans le ciel meme
pour revoir celui qu'elle aime
elle revient sur ses pas
et lui dit : "ma tombe est verte!
sur cette terre deserte
qu'attends-tu? je n'y suis pas!"
C'est l'ombre pale d'un pere
qui mourut en nous nommant
c'est une soeur, c'est un frere
qui nous devance un moment
tous ceux enfin dont la vie
un jour ou l'autre ravie,
enporte une part de nous
murmurent sous la pierre
"vous qui voyez la lumiere
de nous vous souvenez vous?"
Voila les feuilles sans seve
qui tombent sur le gazon
voila le vent qui s'eleve
et gemit dans le vallon
voila l'errante hirondelle
qui rase du bout de l'aile
l'eau dormante des marais
voila l'enfant des chaumieres
qui glane sur les bruyeres
le bois tombe des forets
La femme d'Hector disque 5
Intro :
D - A7 - D - A7
D A7
1. En notre tour de babel
D A7
laquelle est la plus belle
D A7
la plus aimable parmi
D F#7
les femmes de nos amis?
F#7 Bm
Laquelle est notre vrai nounou
F#7 G
La p'tite soeur des pauvres de nous
G =20
Dans le guignon toujours presente
F#7 (Break) F#7
Quelle est cette fee bienfaisante
CHORUS
Em F#7 Bm
C'est pas la femme de bertrand
F#7 =20
Pas la femme de gontrand
Bm
Pas la femme de pamphile
Em A7 D
C'est pas la femme de firmin
Em
Pas la femme de germain
Em A7 D
Ni celle de benjamin
G A7 D
C'est pas la femme d'honore
B7 Em
Ni celle de desire
F#7 Bm
Ni celle de teophile
Em F#7 Bm
Encore moins la femme de nestor
F#7 Bm A7 (Bm on last chorus)
Non, c'est la femme d'hector.
Comme nous dansons devant
Le buffet bien souvent
On a toujours peu ou prou
Les bras cribles de trous...
Qui raccomode ces malheurs
De fils de toutes les couleurs
Qui brode, divine cousette,
des arcs-en-ciel a nos chaussettes?
Refrain
Quand on nous prend la main
Sacre bon dieu dans un sac
Et qu'on nous envoie planter
Des choux a la sante
Quelle est celle qui, prenant modele
Sur les vertus des chiens fideles
Reste a l'arret devant la porte
En attendant que l'on ressorte
Refrain
Et quand l'un d'entre nous meurt
Qu'on nous met en demeure
De debarasser l'hotel
De ses restes mortels
Quelle est celle qui r'mu tout paris
Pour qu'on lui fasse, au plus bas prix
Des funerailles gigantesques
Pas nationales, non, mais presque?
Refrain
Et quand vient le mois de mai
Le joli temps d'aimer
Que sans echo, dans les cours,
Nous hurlons a l'amour
Quelle est celle qui nous plaint beaucoup
Quelle est celle qui nous saute au cou
Qui nous dispense sa tendresse
Toutes ses economies d'caresses ?
Refrain
Ne jetons pas les morceaux
De nos coeurs aux pourceaux
Perdons pas notre latin
Au profit des pantins
Chantons pas la langue des dieux
Pour les balourds, les fess'mathieux
Les paltoquets, ni les bobeches
Les foutriquets, ni les pimbeches,
dernier Refrain
Ni pour la femme de bertrand
Pour la femme de gontrand
Pour la femme de pamphile
Ni pour la femme de firmin
Pour la femme de germain
Pour celle de benjamin
Ni pour la femme d'honore
La femme de desire
La femme de teophile
Encore moins pour la femme de nestor
Mais pour la femme d'hector.
Poème de Jean Richepin
Philistins, épiciers
Tandis que vous caressiez,
Vos femmes
En songeant, aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent
Vous pensiez, Ils seront
Menton rasé, ventre rond
Notaires
Mais pour bien vous punir
Un jour vous voyez venir
Sur terre
Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus
Poètes
Avec cette neige foison
Qui coiffe, coiffe ma toison,
On peut me croire vue de nez
Blanchi sous le harnais.
Eh bien, Mesdames et Messieurs,
C'est rien que de la poudre aux yeux,
C'est rien que de la comdie,
Que de la parodie.
C'est pour tenter de couper court
A l'avance du temps qui court,
De persuader ce vieux goujat
Que tout le mal est fait deja.
Mais dessous la perruque j'ai
Mes vrais cheveux couleur de jais.
C'est pas demain la veille, bon Dieu !
De mes adieux.
Et si j'ai l'air moins guilleret,
Moins solide sur mes jarrets,
Si je chemine avec lenteur
D'un train de snateur,
N'allez pas dire "Il est perclus"
N'allez pas dire "Il n'en peut plus ".
C'est rien que de la comdie,
Que de la parodie.
Histoire d'endormir le temps,
Calculateur impnitent,
De tout brouiller, tout embrouiller
Dans le fatidique sablier.
En fait,l'envers du decor,
Comme vingt ans, je trotte encore.
C'est pas demain la veille, bon Dieu !
De mes adieux.
Et si mon coeur bat moins souvent
Et moins vite qu'auparavant,
Si je chasse avec moins de zele
Les gentes demoiselles,
Pensez pas que je sois blase
De leurs caresses, leurs baisers,
C'est rien que de la comdie,
Que de la parodie.
Pour convaincre le temps berne
Qu'mes ftes galantes sont terminees,
Que je me retire en coulisse,
Que je n'entrerai plus en lice.
Mais je reste un sacr gaillard
Toujours actif, toujours paillard.
C'est pas demain la veille, bon Dieu!
De mes adieux.
Et si jamais au cimetire,
Un de ces quatre, on porte en terre,
Me ressemblant s'y tromper,
Un genre de macchabe,
N'allez pas noyer le souffleur
En lchant la bonde vos pleurs,
Ce sera rien que comdie
Rien que fausse sortie.
Et puis, coup de theatre, quand
Le temps aura leve le camp,
Estimant que la farce est jouee
Moi tout heureux, tout enjoue,
J' m'exhumerai du caveau
Pour saluer sous les bravos.
C'est pas demain la veille, bon Dieu !
De mes adieux.
J'avais dix-huit ans
Tout juste et quittant
Ma ville natale
Un beau jour, o gue
Je vins debarquer
dans la capitale
J'entrai pas aux cris
D'"A nous deux Paris"
En Ile-de-France
Que ton Rastignac
N'ait cure, Balzac !
De ma concurrence (biS)
Gens en place, dormez
Sans vous alarmer,
Rien ne vous menace
Ce n'est qu'un jeune sot
qui monte a l'assaut
du p'tit montparnasse
On n's'etonnera pas
Si mes premiers pas
tout droit me menerent
Au pont Mirabeau
pour un coup de chapeau
A l'Apolinaire (bis)
Bec enfarine
Pouvaisje deviner
Le remue-mnage
Que dans mon destin
Causerait soudain
Ce plerinage ?
Que circonvenu
Mon caeur ingenu
Allait faire des siennes
Tomber amoureux
De sa toute pre-
miere Parisienne.(bis)
N'anticipons pas,
Sur la berge en bas
Tout contre une pile,
La belle tchait
D' fair' des ricochets
D'un' main malhabile
Moi, dans ce temps-la
Je n' dis pas cela
En bombant le torse,
L'air avantageux
J'tais a ce jeu
De premire force. (bis)
Tu m' donn's un baiser,
Ai=je propose
A la demoiselle;
Et moi, sans retard
J' t'apprends de cet art
Toutes les ficelles.
Affaire conclue,
En une heure elle eut,
L'adresse requise.
En change, moi
J' cueillis plein d'moi
Ses lvres exquises. (bis)
Et durant un temps
Les journaux d'antan
D'ailleurs le relatent
Fallait se lever
Matin pour trouver
Une pierre plate.
On redessina
Du pont d'Iena
Au pont Alexandre
Jusqu' Saint-Michel,
Mais notre echelle,
La carte du tendre. (bis)
Mais c'tait trop beau:
Au pont Mirabeau
La belle volage
Un jour se perchait
Sur un ricochet
Et gagnait le large.
Ell' me fit faux-bond
Pour un vieux barbon,
La petite ingrate,
Un Crsus vivant
Detail aggravant
Sur la rive droite. (bis)
J'en pleurai pas mal,
Le flux lacrymal
Me fit la quinzaine.
Au viaduc d'Auteuil
Parait qu'a vue d'oeil
Grossissait la Seine.
Et si, pont d' l'Alma,
J'ai pas noy ma
Detresse ineffable,
C'est qu' l'eau coulant sous
Les pieds du zouzou
etait imbuvable. (bis)
Et qu' j'avais acquis
Cett' conviction qui
Du reste me navre
Que mort ou vivant
Ce n'est pas souvent
Qu'on arrive au havre.
Nous attristons pas,
Allons de ce pas
Donner, debonnaires,
Au pont Mirabeau
Un coup de chapeau
A l'Apollinaire. (bis)
Gloire a qui freine a mort, de peur d'ecrabouiller
Le herisson perdu, le crapaud fourvoye !
Et gloire a don Juan, d'avoir un jour souri
A celle a qui les autres n'attachaient aucun prix !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.
Gloire au flic qui barrait le passage aux autos
Pour laisser traverser les chats de Lautaud !
Et gloire a don Juan d'avoir pris rendez-vous,
Avec la dalaisse, que l'amour dasavoue !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.
Gloire au premier venu qui passe et qui se tait
Quand la canaille crie " haro sur le baudet " !
Et gloire a don Juan pour ses galants discours
A celle a qui les autres faisaient jamais la cour !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.
Et gloire a ce cure sauvant son ennemi
Lors du massacre de la Saint-Barthlemy !
Et gloire a don Juan qui couvrit de baisers
La fille que les autres refusaient d'embrasser !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut.
Et gloire a ce soldat qui jeta son fusil
Plutot que d'achever l'otage a sa merci !
Et gloire a don Juan d'avoir ose trousser
Celle dont le jupon restait toujours baisse !
Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire a la bonne soeur qui, par temps pas tres chaud
Degela dans sa main le penis du manchot
Et gloire a don Juan qui fit reluire un soir
Ce cul desherite ne sachant que s'asseoir
Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Gloire a qui n'ayant pas d'ideal sacro-saint
Se borne a ne pas trop emmerder ses voisins!
Et gloire a don Juan qui rendit femme celle
Qui, sans lui, quelle horreur! serait morte pucelle!
Cette fille est trop vilaine, il me la faut
Je suis un voyou disque 2
Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne,
Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais...
Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes,
Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais...
J'ai perdu la tramontane
En trouvant Margot,
Princesse vêtu' de laine,
Déesse en sabots...
Si les fleurs, le long des routes,
S'mettaient à marcher,
C'est à la Margot, sans doute,
Qu'ell's feraient songer...
J'lui ai dit: « De la Madone,
Tu es le portrait ! »
Le Bon Dieu me le pardonne,
C'était un peu vrai...
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine:
Je suis un voyou.
La mignonne allait aux vêpres
Se mettre à genoux,
Alors j'ai mordu ses lèvres
Pour savoir leur goût...
Ell' m'a dit, d'un ton sévère:
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
Mais elle m'a laissé faire,
Les fill's, c'est comm' ça...
J'lui ai dit: « Par la Madone,
Reste auprès de moi ! »
Le Bon Dieu me le pardonne,
Mais chacun pour soi...
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine:
Je suis un voyou.
C'était une fille sage,
A « bouch', que veux-tu ? »
J'ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus...
Ell' m'a dit d'un ton sévère:
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
Mais elle m'a laissé faire,
Les fill's, c'est comm' ça...
Puis, j'ai déchiré sa robe,
Sans l'avoir voulu...
Le Bon Dieu me le pardonne,
Je n'y tenais plus !
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine:
Je suis un voyou.
J'ai perdu la tramontane
En perdant Margot,
Qui épousa, contre son âme,
Un triste bigot...
Elle doit avoir à l'heure,
A l'heure qu'il est,
Deux ou trois marmots qui pleurent
Pour avoir leur lait...
Et, moi, j'ai tété leur mère
Longtemps avant eux...
Le Bon Dieu me le pardonne,
J'étais amoureux !
Qu'il me pardonne ou non,
D'ailleurs, je m'en fous,
J'ai déjà mon âme en peine:
Je suis un voyou.
La chasse aux papillons disque 1
Un bon petit diable à la fleur de l'age,
La jambe légère et l'oeil polisson,
Et la bouche plein' de joyeux ramages,
Allait à la chasse aux papillons.
Comme il atteignait l'oré du village,
Filant sa quenouille, il vit Cendrillon,
Il lui dit: « Bonjour, que Dieu te ménage,
J' t'emmène à la chasse aux papillons. »
Cendrillon, ravi' de quitter sa cage,
Met sa robe neuve et ses botillons;
Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages
Ils vont à la chasse aux papillons.
Ils ne savaient pas que, sous les ombrages,
Se cachait l'amour et son aiguillon,
Et qu'il transperçait les coeurs de leur âge,
Les coeurs des chasseurs de papillons.
Quand il se fit tendre, ell' lui dit: « J' présage
Qu' c'est pas dans les plis de mon cotillon,
Ni dans l'échancrure de mon corsage,
Qu'on va-t-à la chasse aux papillons. »
Sur sa bouche en feu qui criait: « Sois sage ! »
Il posa sa bouche en guis' de bâillon,
Et c' fut l' plus charmant des remu'-ménage
Qu'on ait vu d' mémoire de papillon.
Un volcan dans l'âme, i' r'vinr'nt au village,
En se promettant d'aller des millions,
Des milliards de fois, et mêm' d'avantage,
Ensemble à la chasse aux papillons.
Mais tant qu'ils s'aim'ront, tant que les nuages
Porteurs de chagrins, les épargneront,
I' f'ra bon voler dans les frais bocages,
I f'ront pas la chasse aux papillons.
Hé! donn' moi ta bouche, hé ! ma jolie fraise !
L'aube a mis des frais's plein notr' horizon.
Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse.
Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons.
Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller:
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.
Pour sauter l' gros sourceau de pierre en pierre,
Comme tous les jours mes bras t'enlèv'ront.
Nos dindes, nos truies nous suivront légères.
Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons.
Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aimerons.
La vie, c'est toujours amour et misère.
La vie, c'est toujours les mêmes chansons.
J'ai tant de respect pour ton coeur, Thérèse.
Et pour tes dindons, quand nous nous aimons.
Quand nous nous fâchons, hé ! ma jolie fraise,
Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons.
Va, comme hier ! comme hier ! comme hier !
Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons.
L'un tient le couteau, l'autre la cuiller:
La vie, c'est toujours la même chanson.
La mauvaise herbe disque 2
Quand l' jour de gloire est arrivé,
Comm' tous les autr's étaient crevés,
Moi seul connus le déshonneur
De n' pas êtr' mort au champ d'honneur.
Je suis d'la mauvaise herbe,
Braves gens, braves gens,
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbe...
La mort faucha les autres
Braves gens, braves gens,
Et me fit grâce à moi,
C'est immoral et c'est comm' ça !
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Que j' vive un peu...
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Que j' vive un peu...
La fille à tout l' monde a bon coeur,
Ell' me donne, au petit bonheur,
Les p'tits bouts d' sa peau, bien cachés,
Que les autres n'ont pas touchés.
Je suis d' la mauvaise herbe,
Braves gens, braves gens,
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbe...
Elle se vend aux autres,
Braves gens, braves gens,
Elle se donne à moi,
C'est immoral et c'est comme ça !
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Qu'on m'aime un peu...
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Qu'on m'aime un peu...
Les hommes sont faits, nous dit-on,
Pour vivre en band', comm' les moutons.
Moi, j' vis seul, et c'est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin.
Je suis d' la mauvaise herbe,
Braves gens, braves gens,
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbe...
Je suis d' la mauvaise herbe,
Braves gens, braves gens,
Je pousse en liberté
Dans les jardins mal fréquentés !
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Que j' vive un peu...
Et je m' demand'
Pourquoi, Bon Dieu,
Ca vous dérange
Que j' vive un peu...
La légende de la nonne disque 3
Venez, vous dont l'oeil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez: je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
A l'amour demandent merci;
Il en est que parfois embrassent,
Le soir, de hardis cavaliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Ce n'est pas sur ce ton frivole
Qu'il faut parler de Padilla,
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n'est pas laide,
On avait droit d'épouser Dieu.
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Or, la belle à peine cloitrée,
Amour en son coeur s'installa.
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit: Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Il était laid: les traits austères,
La main plus rude que le gant;
Mais l'amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l'enfer conduit,
Aux pieds de Sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
A l'heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l'ombre par milliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Or quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C'est la foudre qui répondit.
Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préservé du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieurs la racontassent
Dans tous les couvents réguliers. --
Enfants, voici des boeufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers.
Gastibelza (L'homme `la carabine) disque 3
Gastibelza, l'homme à la carabine,
Chantait ainsi:
« Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine ?
Quelqu'un d'ici ?
Chantez, dansez, villageois ! la nuit gagne
Le mont Falu... --
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
« Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
Ma señora ?
Sa mère était la vieille maugrabine
D'Antequera,
Qui chaque nuit criait dans la tour Magne
Comme un hibou... --
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
« Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou... --
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
Le roi disait, en la voyant si belle,
A son neveu:
« Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerai l'Espagne
Et le Pérou !
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
« Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que, pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurai gaîment passé dix ans au bagne
Sous les verrous... --
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
« Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,
Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d'Allemagne,
Par le licou... --
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.
« Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe
Sabine, un jour,
A tout vendu, sa beauté de colombe,
Tout son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Pour un bijou... --
Le vent qui vient à travers la montagne
M'a rendu fou.
Les croquants vont en ville, à cheval sur leurs sous,
Acheter des pucelle' aux saintes bonnes gens,
Les croquants leur mett'nt à prix d'argent
La main dessus, la main dessous...
Mais la chair de Lisa, la chair fraîch' de Lison
(Que les culs cousus d'or se fass'nt une raison!)
C'est pour la bouch' du premier venu
Qui' a les yeux tendre' et les mains nues...
Refrain
Les croquants, ça les attriste, ça
Les étonne, les étonne,
Qu'une fille, une fill' bell' comm' ça,
S'abandonne, s'abandonne
Au premier ostrogoth venu:
Les croquants, ça tombe des nues.
Les fill's de bonnes moeurs, les fill's de bonne vie,
Qui' ont vendu leur fleurette à la foire à l'encan,
Vont s' vautrer dans la couch' des croquants,
Quand les croquants en ont envie...
Mais la chair de Lisa, la chair fraîch' de Lison
(Que les culs cousus d'or se fass'nt une raison!)
N'a jamais accordé ses faveurs
A contre-sous, à contrecoeur...
Les fill's de bonne vie ont le coeur consistant
Et la fleur qu'on y trouve est garanti' longtemps,
Comm' les fleurs en papier des chapeux,
Les fleurs en pierre des tombeaux...
Mais le coeur de Lisa, le grand coeur de Lison
Aime faire peau neuve avec chaque saison:
Jamais deux fois la même couleur,
Jamais deux fois la même fleur...
Y'a tout à l'heur'
Quinze ans d' malheur
Mon vieux Léon
Que tu es parti
Au paradis
D' l'accordéon
Parti bon train
Voir si l' bastrin-
gue et la java
Avaient gardé
Droit de cité
Chez Jéhovah
Quinze ans bientôt
Qu' musique au dos
Tu t'en allais
Mener le bal
A l'amical'
Des feux follets
En cet asile
Par saint' Cécile
Pardonne-nous
De n'avoir pas
Su faire cas
De ton biniou.
C'est une erreur
Mais les joueurs
D'accordéon
Au grand jamais
On ne les met
Au Panthéon
Mon vieux tu as dû
T' contener du
Champ de navets,
Sans grandes pom-
pe' et sans pompons
Et sans ave
Mais les copains
Suivaient l' sapin
Le coeur serré
En rigolant
Pour fair' semblant
De n' pas pleurer
Et dans nos coeurs
Pauvre joueur
D'accordéon
Il fait ma foi
Beaucoup moins froid
Qu'au Panthéon.
Depuis mon vieux
Qu'au fond des cieux
Tu' as fait ton trou
Il a coulé
De l'eau sous les
Ponts de chez nous.
Les bons enfants
D' la ru' de Van-
ve à la Gaîté
L'un comme l'au-
tre au gré des flots
Fur'nt emportés
Mais aucun d'eux
N'a fait fi de
Son temps jadis
Tous sont restés
Du parti des
Myosotis
Tous ces pierrots
Ont le coeur gros
Mon vieux Léon
En entendant
Le moindre chant
D'accordéon.
Quel temps fait-il
Chez les gentils
De l'au delà
Les musiciens
Ont-ils enfin
Trouvé le la
Et le p'tit bleu
Est-c' que ça n' le
Rend pas meilleur
D'être servi
Au sein des vi-
gnes' du Seigneur
Si d' temps en temps
Un' dam' d'antan
S' laisse embrasser
Sûr'ment papa
Que tu r'grett's pas
D'être passé
Et si l' bon Dieu
Aim' tant soit peu
L'accordéon
Au firmament
Tu t' plais sûr'ment
Mon vieux Léon.
Le Père Nokl et la petite fille disque 5
Avec sa hotte sur le dos,
Avec sa hotte sur le dos,
Il s'en venait d'Eldorado,
Il s'en venait d'Eldorado,
Il avait une barbe blanche,
Il avait nom « Papa Gateau »,
Il a mis du pain sur ta planche,
Il a mis les mains sur tes hanches.
Il t'a prom'né' dans un landeau,
Il t'a prom'né' dans un landeau,
En route pour la vi' d' château,
En route pour la vi' d' château,
La belle vi' doré' sur tranche,
Il te l'offrit sur un plateau.
Il a mis du grain dans ta grange,
Il a mis les mains sur tes hanches.
Toi qui n'avais rien sur le dos,
Toi qui n'avais rien sur le dos,
Il t'a couverte de manteaux,
Il t'a couverte de manteaux,
Il t'a vetu' comme un dimanche,
Tu n'auras pas froid de sitôt.
Il a mis l'hermine à ta hanche,
Il a mis les mains sur tes hanches.
Tous les camé's, tous les émaux,
Tous les camé's, tous les émaux,
Il les fit pendre à tes rameaux,
Il les fit pendre à tes rameaux,
Il fit rouler en avalanches
Perl' et rubis dans tes sabots.
Il a mis de l'or à ta branche,
Il a mis les mains sur tes hanches.
Tire la bell', tir' le rideau,
Tire la bell', tir' le rideau,
Sur tes misères de tantôt,
Sur tes misères de tantôt,
Et qu'au-dehors il pleuve, il vente,
Le mauvais temps n'est plus ton lot,
Le joli temps des coudé's franches...
On a mis les mains sur tes hanches.
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
L'est un vieux bistrot
Tenu pas un gros
Dégueulasse.
Si t'as le bec fin,
S'il te faut du vin
D' premièr' classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d'ici
Te dépasse.
Mais si t'as l' gosier
Qu'une armur' d'acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.
Tu trouveras là
La fin' fleur de la
Populace,
Tous les marmiteux,
Les calamiteux,
De la place.
Qui viennent en rang,
Comme les harengs,
Voir en face
La bell' du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.
Que je boive à fond
L'eau de tout's les fon-
tain's Wallace,
Si, dès aujourd'hui,
Tu n'es pas séduit
Par la grâce.
De cett' joli' fé'
Qui, d'un bouge, a fait
Un palace.
Avec ses appas,
Du haut jusqu'en bas,
Bien en place.
Ces trésors exquis,
Qui les embrass', qui
Les enlace ?
Vraiment, c'en est trop !
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse !
C'est injuste et fou,
Mais que voulez-vous
Qu'on y fasse ?
L'amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.
Si tu fais ta cour,
Tâch' que tes discours
Ne l'agacent.
Sois poli, mon gars,
Pas de geste ou ga-
re à la casse.
Car sa main qui claqu',
Punit d'un flic-flac
Les audaces.
Certes, il n'est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.
Pas né, le chanceux
Qui dégèl'ra ce
Bloc de glace.
Qui fera dans l' dos
Les corne' à ce gros
Dégueulasse.
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
Une espèc' de fé',
D'un vieux bouge, a fait
Un palace.
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoute et m' fait grincer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qui m' fut donné sur terr'
Je l' dois au mauvais temps, je l' dois à Jupiter,
Il me tomba d'un ciel d'orage.
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits,
Un vrai tonnerr' de Brest, avec des cris d' putois,
Allumait ses feux d'artifice.
Bondissant de sa couche en costume de nuit,
Ma voisine affolé' vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices.
« Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié,
Mon époux vient d' partir faire son dur métier,
Pauvre malheureux mercenaire,
Contraint d' coucher dehors quand il fait mauvais temps,
pour la bonne raison qu'il est représentant
D'un' maison de paratonnerre. »
En bénissant le nom de Benjamin Franklin,
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras calins,
Et puis l'amour a fait le reste !
Toi qui sèmes des paratonnerre' à foison,
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison ?
Erreur on ne peut plus funeste.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs,
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage,
Rentra dans ses foyers fair' sécher son mari
En m' donnant rendez-vous les jours d'intempéri',
Rendez-vous au prochain orage.
A partir de ce jour j' n'ai plus baissé les yeux,
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux,
A regarder passer les nues,
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus,
A faire les yeux doux aux moindres cumulus,
Mais elle n'est pas revenue.
Son bonhomm' de mari avait tant fait d'affair's,
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer,
Qu'il était dev'nu millionnaire
Et l'avait emmené' vers des cieux toujours bleus,
Des pays imbécile' où jamais il ne pleut,
Où l'on ne sait rien du tonnerre.
Dieu fass' que ma complainte aille, tambour battant,
Lui parler de la plui', lui parler du gros temps
Auxquels on a t'nu tête ensemble,
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mill' de mon coeur a laissé le dessin
D'un' petit' fleur qui lui ressemble.
Les illusions perdues disque 1
On creva ma première bulle de savon
Ya plus de cinquante ans, depuis je me morfonds.
On jeta mon Père Noël en bas du toit,
Ca fait* belle lurette, et j'en reste pantois.
Premier amour déçu. Jamais plus, officiel,
Je ne suis remonté jusqu'au septième ciel !
Le Bon Dieu déconnait. J'ai décroché Jésus
De sa croix: n'avait plus rien à faire dessus.
Les lendemains chantaient. Hourra l'Oural ! Bravo !
Il m'a semblé soudain qu'ils chantaient un peu faux.
J'ai couru pour quitter ce monde saugrenu
Me noyer** dans le premier océan venu.
Juste voguait par là le bateau des copains;
Je me suis accroché bien fort à ce grappin.
Et par enchantement, tout fut régénéré,
L'espérance cessa d'être désespérée.
Et par enchantement, tout fut régénéré,
L'espérance cessa d'être désespérée.
Variantes:
*: Voici belle lurette...
**: Me jeter dans...
Les oiseaux de passage disque 10
Poème de Jean RICHEPIN
Ô vie heureuse des bourgeois
Qu'avril bourgeonne
Ou que decembre gèle,
Ils sont fiers et contents
Ce pigeon est aimé,
Trois jours par sa pigeonne
Ca lui suffit il sait
Que l'amour n'a qu'un temps
Ce dindon a toujours
Béni sa destinée
Et quand vient le moment
De mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs
C'est la que je suis née
Je meurs presd de ma mère
Et je fais mon devoir
Elle a fait son devoir
C'est a dire que Onques
Elle n'eut de souhait
Impossible elle n'eut
Aucun rêve de lune
Aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs
Sur un fleuve inconnu
Et tous sont ainsi faits
Vivre la même vie
Toujours pour ces gens là
Cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec
Et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir
Ou bien d'en avoir deux
Ils n'ont aucun besoin
De baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains
Loin des soucis cuisants
Possèdent pour tout coeur
Un vicere sans fièvre
Un coucou régulier
Et garanti dix ans
Ô les gens bien heureux
Tout à coup dans l'espace
Si haut qu'ils semblent aller
Lentement en grand vol
En forme de triangle
Arrivent planent, et passent
Où vont ils? ... qui sont-ils ?
Comme ils sont loins du sol
Regardez les passer, eux
Ce sont les sauvages
Ils vont où leur desir
Le veut par dessus monts
Et bois, et mers, et vents
Et loin des esclavages
L'air qu'ils boivent
Ferait éclater vos poumons
Regardez les avant
D'atteindre sa chimère
Plus d'un l'aile rompue
Et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens
Ont aussi femme et mère
Et savent les aimer
Aussi bien que vous, mieux
Pour choyer cette femme
Et nourrir cette mère
Ils pouvaient devenir
Volailles comme vous
Mais ils sont avant tout
Des fils de la chimère
Des asoiffés d'azur
Des poètes des fous
bis
Regardez les vieux coqs
Jeune Oie édifiante
Rien de vous ne pourra
monter aussi haut qu'eux
Et le peu qui viendra
d'eux à vous
C'est leur fiante
Les bourgeois sont troublés
De voir passer les gueux
Words and lyrics : Georges BRASSENS
Intro :
D - A7 - D - A7
=20
D A7
1. En notre tour de babel
D A7
laquelle est la plus belle
D A7
la plus aimable parmi
D F#7
les femmes de nos amis?
F#7 Bm
Laquelle est notre vrai nounou
F#7 G
La p'tite soeur des pauvres de nous
G =20
Dans le guignon toujours presente
F#7 (Break) F#7
Quelle est cette fee bienfaisante
CHORUS
Em F#7 Bm
C'est pas la femme de bertrand
F#7 =20
Pas la femme de gontrand
Bm
Pas la femme de pamphile
Em A7 D
C'est pas la femme de firmin
Em
Pas la femme de germain
Em A7 D
Ni celle de benjamin
G A7 D
C'est pas la femme d'honore
B7 Em
Ni celle de desire
F#7 Bm
Ni celle de teophile
Em F#7 Bm
Encore moins la femme de nestor
F#7 Bm A7 (Bm on last chorus)
Non, c'est la femme d'hector.
Last-modified: Thu, 06 Feb 1997 08:21:19 GMT